samedi 25 décembre 2010

Saint Michel

En faisant des recherches pour ma série de "Joyeux Noël", je suis tombée sur un dicton à faire froid dans le dos:

"À la saint Michel regarde le ciel, s'il se baigne l'aile, il pleut jusqu'à Noël"

Vous imaginez un peu Bing Crosby chanter "I'm dreaming of a raining Christmas", ou vos invités vous appelez le 25 décembre et vous dire "Désolés, on pourra pas descendre, les rues sont inondées" plutôt que "Désolés, on pourra pas descendre, six pieds de neige sont tombés cette nuit devant ma porte"... Vraiment, il y a des dictons plutôt déprimants.

Mais qui est donc ce Saint Michel, et surtout... quel est son lien avec la France et Paris?

Tout d'abord, mettons tout de suite au clair quelque chose: même en poussant les liens les plus bizarres possibles, il est IMPOSSIBLE de relier Saint Michel à la France d'une quelconque façon de son vivant. Toutefois, c'est intéressant de voir qu'il a tout de même une grande influence sur l'Hexagone, surtout au niveau de son culte.

Alors, avant de commencer à vous faire une liste de tous les lieux qui portent son nom, revenons à la question initiale: qui est Saint Michel?

Saint Michel est un archange. C'est en fait le seul archange mentionné dans la Bible (Jude, 9). Et... Qu'est-ce que c'est, un archange?

Si j'ai bien compris dans mes recherches, les anges sont divisés en neuf catégories hiérarchisées. Les archanges sont donc la catégorie d'anges la plus importante, devançant les anges eux-mêmes. La Bible fait mention de trois archanges (Gabriel, Raphaël et Michel), même si Michel est le seul à être appelé "archange".

Mais bon, Saint Michel est un ange qui fait autre chose que jouer de la harpe sur son nuage: c'est le chef de la milice angélique. Donc, en gros, ne lui cherchez pas des ennuis. Surtout que c'est lui qui pèsera les âmes au moment du Jugement Derniers, donc arrangez-vous pour qu'il vous porte dans son coeur.

Donc, maintenant que j'ai réussi à m'en sortir pas trop mal avec le côté théologique... quel est son lien avec la Paris et la France?

Et bien, tout d'abord, à Paris, le boulevard Saint-Michel est digne d'intérêt. Vous pouvez vous laisser séduire par une journée shopping sur cette artère bordée de librairies et de boutiques de vêtements, ou simplement vous promenez et vous laisser envahir par son histoire. En effet, à la frontière des 5e et 6e arrondissements, le "boul'Mich" a été percé au XIXe siècle par le baron Haussmann, et est bordé par les Jardins du Luxembourg, l'hôtel de Cluny (Musée national du Moyen Âge) et l'école des Mines ParisTech. De plus, la proximité avec la Sorbonne en a fait un lieu d'affrontement durant les évènements de mai 68. Bref, un boulevard à la fois intellectuel et branché, et où vous pourrez prendre une pause devant la statue de Saint Michel terrassant le dragon.

Pour ceux qui veulent se diriger vers la France mais éviter Paris et monter au Nord, le Mont-Saint-Michel est un incontournable. D'abord occupé par les Romains et les Gaulois, on érige ensuite une abbaye sur le mont. Puis, dès le VIIIe siècle, on commence à y effectuer des pèlerinages qui continuent aujourd'hui, bien qu'il soit maintenant un lieu de tourisme privilégié. Le mont a également inspiré plusieurs peintres et auteurs de la période romantique, notamment Guy de Maupassant.

Vous voulez en apprendre plus sur Saint Michel? Vous voulez en savoir plus sur les lieux qui portent son nom en France? Vous pouvez commencer à regarder de ce côté!

Des films. Une playlist sur le Mont-Saint-Michel a été faite sur mon compte DailyMotion, recouvrant différents aspects de ce mont célèbre. Les vidéos n'ont cependant aucun lien entre eux: http://www.dailymotion.com/playlist/x1hr9p_ValeriePotvin_saint-michel#videoId=x6sgmq

En ligne. Comme toujours, vous pouvez aller fouiller dans ma bibliothèque Google Books où une étagère est consacrée à Saint Michel: http://books.google.ca/books?uid=5193644990311896005&as_coll=1023&hl=fr&source=gbs_lp_bookshelf_list

Et surtout... JOYEUX NOËL PAPA MICHEL!!!!

jeudi 23 décembre 2010

Les Adieux à la reine

Mettons les choses au clair: avant d'écrire ce message, j'ai dû prendre une grande respiration et arrêter de sauter tout partout autour de mon ordinateur. Mais un tel relâchement avait sa raison d'être.

ILS VONT FAIRE UN NOUVEAU FILM SUR MARIE-ANTOINETTE!!

Le film est basé sur le roman Les Adieux de la reine, de Chantal Thomas, et raconte comment Marie-Antoinette a vécu la chute de l'Ancien Régime à la mi-juillet 1789. On vient d'annoncer que Diane Kruger interprèterait Marie-Antoinette, et on sait aussi que Gérard Depardieu interprèterait l'historiographe du roi. Le tournage n'est toujours pas commencé, et la question est: vais-je survivre à l'attente?

En attendant, pour ceux qui veulent savoir de quoi parlera le film et répondre à l'éternelle question "Le film était-il meilleur que le livre, et vice versa", vous pouvez vous le procurez dans un libraire près de chez vous. Voici le résumé qu'en fait Google Book:

Nous sommes à Vienne, en 1810, dans une ville humiliée et ruinée par la victoire de Napoléon. Une femme, Agathe-Sidonie Laborde, ancienne lectrice de Marie-Antoinette, se souvient de Versailles et, plus précisément (parce que c'est pour elle une hantise), des 14, 15 et 16 juillet 1789, jours d'effondrement durant lesquels, Louis XVI ayant cédé sur tout, les intimes de la famille royale et une grande partie de la Cour se dispersent. Agathe elle-même s'est enfuie alors, dans la nuit du 16, avec la famille de Polignac. A travers une reconstitution minutieuse et fébrile de ses dernières heures à Versailles, Agathe découvre la force de sa fascination pour la Reine et la beauté émouvante et singulière du monde qu'elle s'était créé. Un monde placé sous le signe du luxe et de l'élégance, de l'obsession du détail, du goût des espaces protégés, un univers brillant de toutes les apparences du bonheur, sauf que le désir comme l'amour n'y avaient pas de voix pour se dire. Mais est-ce le drame de la Reine ou celui de sa lectrice ?

Sainte Jeanne de Chantal

Bon. Je vais en entendre parler de cet article-là durant les prochains jours! Il faut comprendre: l'article est pour ma mère, Chantal, et c'est un article sur Sainte Chantal. Et depuis le temps que ma mère nous dit qu'elle est une sainte de nous endurer (avec raison)...

Jeanne-Françoise Frémyot, baronne de Rabutin de Chantal, est née en janvier 1572 dans une famille de la noblesse de robe, c'est-à-dire des nobles occupés dans le gouvernement, principalement la justice et les finances. Sa mère décède lorsqu'elle a dix-huit mois, et son père lui donne une solide éducation avant de la marier à Christophe de Rabutin, baron de Chantal. Très unis, ils auront six enfants.

Cependant, son époux meurt en 1601 dans un accident de chasse. La jeune femme prend alors le deuil, pleine de rancoeur et de désespoir, et se tourne vers Dieu. Entre-temps, elle est hébergée par son beau-père, qui vit en concubinage avec une servante qui la traite mal. Pleine de patience et de douceur, elle fait le voeu de ne jamais se marier et de se consacrer à la charité une fois ses enfants établis.

C'est en 1604 qu'elle rencontre l'évêque de Genève, François de Sales, qui réside à Annecy depuis la Réforme (avec l'arrivée du calvinisme en Suisse, Genève devient l'équivalent calviniste de la Rome catholique). Celui-ci promet de la guider.

En 1610, le sort de ses enfants est réglé, et elle fonde le premier couvent de la Visitation à Annecy. Le premier couvent français est fondé en 1615 à Lyon. L'Ordre de la Visitation devient un ordre cloîtré en 1618, à la demande du pape Urbain VIII. À la mort de Sales en 1622, elle gère seule les treize couvents, et en fondent 74 autres. La demande pour entrer aux couvents de la Visitation sont très fortes, et on retrouve bientôt des couvents dans le Saint-Empire, en Pologne et même au Québec.

La popularité de l'Ordre de la Visitation peut s'expliquer de plusieurs façons. Tout d'abord, contrairement à plusieurs couvents du XVIIe siècle, il n'y a pas de contraintes concernant l'âge et la condition sociale ou physique des femmes qui y entrent. De plus, chaque couvent est autonome, empêchant ainsi les évêques de les diriger.

Jeanne de Chantal meurt en 1641, après avoir fait le voyage entre Saint-Germain-en-Laye et Moulins en litière: elle revenait d'une visite à la reine de France Anne d'Autriche.

Malgré des soupçons de sympathies envers les jansénistes (protestants français), elle est béatifiée en 1751 et canonisée en 1767. On compte, parmi ses descendants célèbres, la Marquise de Sévigné, la dame de lettres française du XVIIe siècle.

Sainte Jeanne de Chantal vous fascine? Vous voulez en savoir plus sur l'Ordre de la Visitation? Suivez le guide!

Des livres. Bien que ce ne soit pas sur Sainte Jeanne de Chantal elle-même, vous pouvez vous aventurer dans les lettres de sa descendante, Madame de Sévigné. Bien que je ne les ai pas TOUTES lues, je peux vous assurer que sa propre est excellente!

Des films. Un film a été fait sur l'Ordre de la Visitation dans les années 1990. Je ne l'ai jamais vu et je ne peux donc pas vous dire ce que ça vaut, et en plus, ils ont centré l'histoire autour de Sainte Marie de Macon, mais si vous êtes intéressés à le regarder, le lien est ici: http://www.youtube.com/watch?v=iKU-6-I63m0&feature=&p=AEB72074D29878C6&index=0&playnext=1

En ligne. Comme toujours, une étagère de ma bibliothèque Google Books a été créée pour Sainte Jeanne de Chantal. Vous n'avez pas besoin de ma permission pour y emprunter les livres! http://books.google.ca/books?uid=5193644990311896005&as_coll=1024&hl=fr&source=gbs_lp_bookshelf_list

Et surtout... JOYEUX NOËL MAMAN CHANTAL!!!!


Le nez dans une revue...

Bonjour à tous!

Un article très court pour vous faire profiter d'une revue que je viens de m'acheter: Le Petit Futé de novembre-décembre 2010 propose un excellent article intitulé Rêve et réalité des musées parisiens. Alors, soit pour rêver si vous êtes coincés de mon côté de l'Atlantique, ou pour planifier votre week-end si vous vous promener sur le boulevard Saint-Germain!

On y retrouve aussi un article sur Lyon, pour ceux qui préfère le sud!


Joyeuses fêtes à tous!

mercredi 22 décembre 2010

Musée national du Moyen Âge

Cet article est le premier de ma série "Joyeux Noël :)" pour lequel j'ai un grave problème. Laissez-moi vous expliquer. L'article est pour mon frère, Louis-Philippe. Cependant, pour sa fête le mois passé, j'ai déjà écrit un article sur Louis-Philippe Ier, avant que j'aie décidé de reprendre le même stratagème pour mes cadeaux de Noël. Et donc, l'absence d'un Louis-Philippe II m'empêche de faire un article sur un personnage historique portant son nom.

Alors, là, pendant une seconde, j'ai paniqué. Que faire?

Alors, je me suis dit qu'il ne serait pas contre un article sur le Musée national du Moyen Âge, puisqu'il aime bien les choses qui sont en lien avec le Moyen Âge.

De façon plutôt étrange, le Musée national du Moyen âge n'est pas entièrement logé dans un bâtiment médiéval, mais s'étend également sur des thermes romains du IIe et du IIIe siècle.

Et... qu'est-ce que c'est, un therme?

Et bien, les thermes gallo-romains avaient pour première fonction de garder une certaine hygiène corporelle. Toutefois, ils avaient un rôle social des plus importants: c'était un lieu de rencontre, où les gens pouvaient se promener dans les jardins, assister à des spectacles, et avaient accès à des salles de repos, de discussion, des gymnases et des bibliothèques. On se doute bien que c'était également le lieu d'où débutaient plusieurs potins. L'eau de ce therme était apportée par aqueduc.

Au XIIIe siècle, cependant, les thermes sont devenus choses du passé. Paris, cependant, est en pleine effervescence intellectuelle car une université veut s'installer sur la rive gauche. Les abbés de Cluny, en Bourgogne, aimeraient bien y avoir leur collège également, et ils construisent donc leur hôtel à côté des anciens thermes gallo-romains, ce servant même de ceux-ci comme écurie.

Puis, durant la Révolution, la sécularisation des biens du clergé par l'État cause la nationalisation de l'hôtel des abbés de Cluny, puis, par la force des choses, l'hôtel devient un hôtel particulier. En 1838, un collectionneur d'artefacts du Moyen Âge, Alexandre du Sommerard, entre dans l'hôtel. Sa collection est achetée par l'État en 1843, et c'est ainsi que débute le musée.

L'hôtel est classé monument historique en 1856, et les thermes gallo-romains en 1862.

Aujourd'hui, la collection du musée est des plus diversifiées. On retrouve notamment des objets gothiques provenant de Notre-Dame de Paris et du reste de l'Europe, des vitraux de la Sainte-Chapelle, et la très célèbre tapisserie de La Dame à la licorne, qui est en fait une série de six tapisseries.

Le Moyen Âge vous passionne? Vous voulez planifier une visite au Musée national du Moyen Âge? Vous pouvez commencer votre recherche ici!

Des livres. Un court passage du livre Histoire de Paris d'Yvan Combeau est consacré aux thermes de Cluny. Bien qu'il ne s'agisse pas d'un livre, j'aimerais également souligné le site officiel du Musée. http://www.musee-moyenage.fr/index.html

En ligne. Comme d'habitude, une étagère de ma bibliothèque est consacrée au Musée national du Moyen Âge et aux thermes de Cluny. Libre à vous d'y jeter un coup d'oeil! http://books.google.ca/books?uid=5193644990311896005&as_coll=1022&hl=fr&source=gbs_lp_bookshelf_list

Et surtout... JOYEUX NOËL LOUIS-PHILIPPE!!!!


François Ier

La musique de Noël envahit les stations radiophoniques depuis maintenant près d'un mois. Et bien que j'étais la première à chanter à tue-tête Vive le vent au début du mois de décembre, maintenant... je me rends compte qu'il n'y a pas tant de succès de Noël que ça, et que ce sont toujours les mêmes qui reviennent avec un interprète différent. Donc, hier, j'ai commis un sacrilège de décembre: j'ai écouté autre chose qu'une chanson de Noël sur mon iPod (ne me jetez pas de pierres s'il vous plait).

Donc, j'écoutais candidement de la musique sur mon iPod lorsque soudain est apparu une chanson composée par Serge Kerval, intitulée La Loire, qui raconte l'histoire d'une jeune fille dans la France de l'Ancien Régime. Un couplet a retenu mon attention:
Sur le chemin de ses amours,
Orléans ne fut qu'un détour
Car le bourgeois se le fit prendre
Par le roi qui venait à Blois
Le roi qu'on appelait François
François Ier la Salamandre

Puis, je me suis dit que c'était dommage que tout le monde sache qui était François Ier de nom, mais que très peu de gens connaissent vraiment son rôle pour la France.

François Ier, né en 1494 à Cognac, est le fils de Charles d'Orléans, cousin du roi de France Louis XII, et de Louise de Savoie. Son père meurt lorsqu'il a deux ans. Comme le roi n'a pas d'enfant pouvant accéder sa succession, Louis XII invite donc le jeune François avec sa mère et sa soeur, Marguerite, à la cour. Il passe donc son enfance dans les châteaux de la Loire.

Il monte sur le trône en 1515 en ayant déjà la réputation d'être un humaniste.

Si vous vous souvenez bien de vos cours d'histoire, vous avez probablement quelques souvenirs de vos professeurs qui insistent sur le fait que le mouvement humaniste est ULTRA important dans l'histoire occidentale. Mais en général, peu de gens ont pris la peine d'expliquer vraiment ce qu'était l'humanisme. Alors... c'est quoi?

L'idéal de l'humanisme, c'est ce qu'on appellerait aujourd'hui la culture générale, mais poussée à l'extrême: l'humaniste parfait doit TOUT savoir. En fait, je crois que nul ne décrit mieux cet idéal que Rabelais, lorsqu'il en fait la caricature dans son Pantagruel. Dans l'extrait qui suit, Gargantua écrit à son fils, Pantagruel, ce qu'il doit AB-SO-LU-MENT savoir:

J’entends et veux que tu apprennes les langues parfaitement. Premièrement le grec, comme le veux Quintilien; deuxièmement l’hébreu pour l’Écriture sainte; le chaldéen et l’arabe pour la même raison; que tu formes ton style sur celui de Platon pour le grec, sur celui de Cicéron pour le latin. Qu’il n’y ait pas d’étude scientifique que tu ne gardes présente en ta mémoire et pour cela tu t’aideras de l’Encyclopédie universelle des auteurs qui s’en sont occupés.

Des arts libéraux : géométrie, arithmétique et musique, je t’en ai donné le goût quand tu étais encore jeune, à cinq ou six ans; continue; de l’astronomie apprends toutes les règles; mais laisse-moi l’astrologie comme autant d’abus et de futilités.

Du droit civil, je veux que tu saches par cœur les beaux textes et que tu les mettes en parallèle avec la philosophie.

Et quant à la connaissance de la nature, je veux que tu t’y donnes avec soin; qu’il n’y ait mer, rivière, ni source dont tu ignores les poissons; tous les oiseaux du ciel, tous les arbres, les arbustes et les buissons des forêts, toutes les herbes de la terre, tous les métaux cachés au ventre des abîmes, les pierreries de tous les pays de l’Orient et du Midi, que rien ne te soit inconnu.

Puis relis soigneusement les libres des médecins grecs, arabes et latins, sans mépriser les Talmudistes et les Cabalistes, et, par de fréquentes dissections acquiers une connaissance parfaite de l’autre monde qu’est l’homme. Et quelques heures par jour, commence à lire l’Écriture sainte : d’abord le Nouveau Testament et les Épîtres des apôtres, écrits en grec, puis l’Ancien Testament, écrit en hébreu.

En somme, que je voie en toi un abîme de science car, maintenant que tu deviens homme et te fais grand, il te faudra quitter la tranquillité et le repos de l’étude pour apprendre la chevalerie et les armes afin de défendre ma maison, et de secourir nos amis dans toutes les difficultés causées par les assauts des malfaiteurs. (1)
Et ensuite, que les média viennent nous dire qu'on surcharge les enfants d'aujourd'hui en leur mettant trop de pression!

D'un point de vue graphique, l'humanisme est représenté par le célèbre Homme de Vitruve de Léonard de Vinci: l'homme, au centre d'un cercle et d'un carré, touche à tous les côtés de celui-ci.

Donc, voilà. François Ier sait TOUT, ce qui, selon plusieurs historiens, le rend difficilement supportable. Surtout qu'il est maintenant à la tête du pays le plus peuplé d'Europe, et que, de l'avis général des demoiselles de l'époque, il n'est pas laid.

En fait, il se passe quelque chose de remarquable à l'époque où François Ier monte sur le trône, en 1515: les trois grandes puissances de l'époque sont dirigés par trois rois jeunes et beaux: l'Angleterre est dirigée par Henri VIII depuis 1509 (il est alors considéré comme le plus beau et le plus humaniste des princes d'Europe, c'était avant qu'il ne devienne un misogyne assoiffé de sang) et Charles Ier, futur Charles Quint, est à la tête de la superpuissance espagnole depuis 1516. Cela, il va s'en dire, ne se déroule pas sans incident diplomatique.

Le plus connu est sans doute la "course au Saint-Empire", que François Ier perd aux mains de Charles Quint en 1519. Encerclé par l'ennemi espagnol au sud et à l'Est, François Ier n'est toutefois pas à plaindre: il a gagné le duché de Milan lors de la bataille de Marignan, en 1515. Et puis, il a quand même un pied dans l'Empire: après que Luther ait affiché ses thèses en 1517, plusieurs États de l'Empire se sont convertis à la religion réformée, ce qui ne va pas sans déplaire à Charles Quint, très catholique. François Ier s'allie donc avec ces États protestants et leur fournit une aide financière (à défaut d'être militaire).

Le second incident diplomatique auquel est mêlé François Ier est le Camp du Drap d'Or. L'incident, survenu en juin 1520, devait en fait être une rencontre diplomatique entre François Ier et Henri VIII. Un camp est dressé en Flandres, entre les territoires français et anglais, et avait pour but d'allier les deux puissances atlantiques contre l'Espagne. Toutefois, François Ier essaie d'impressionner son concurrent: les draps jaunes pour rappeler l'or font déjà un peu prétentieux, mais c'est quand les deux rois, férus d'athlétisme, décident de se lancer dans un combat "amical" à mains nues, et que François Ier gagne ledit combat avec une étonnante facilité, qu'il s'aliène définitivement le souverain anglais.

Ces démonstrations de puissance peuvent être illustrées dans le surnom que l'Histoire lui a laissé: la salamandre. Dans la mythologie populaire, la salamandre survivait au feu: avoir le contrôle sur le feu signifiait donc avoir le contrôle sur les hommes, et par extension sur le monde.

Toutefois, il ne faut pas penser que François Ier était un roi égocentrique et arrogant. Il a également fait de grandes choses pour la France, qui doivent être notées.

Tout d'abord, il faut noter son ouverture d'esprit vis-à-vis des Protestants, ce qui est étonnant alors que Charles Quint entre en guerre contre l'Empire et les Provinces-Unies pour éradiquer le protestantisme et qu'Henri VIII divise son pays pour obtenir son divorce. Il profite également des guerres internes dans l'Empire pour s'allier avec Soliman le Magnifique, dont l'empire atteint les portes de l'Empire. C'est un joli pied de nez à Charles Quint: alors que l'empereur l'entoure au Sud et à l'Est, le roi entoure l'Empire et l'Espagne au Nord, à l'Est et à l'Ouest.

Dans l'économie, c'est également sous le règne de François Ier que la France commence à varier ses productions agricoles. Autrefois basée sur la céréale, François Ier insère notamment les carottes, les betteraves, les artichauts et les choux-fleurs, permettant ainsi à plusieurs mères françaises de commencer à utiliser la terrible menace: "Mange tes légumes si tu veux du dessert." Dans l'industrie, la France prospère avec l'artisanat. C'est également lui qui lance la première loterie d'État.

D'un point de vue politique, il rétablit la cour dans les environs de Paris, puis, à mesure que son règne avance, à Paris même. C'est également à cause de lui que le français devient la langue officielle de la France, obligeant ainsi des milliers d'étudiants actuels à en apprendre toutes les exceptions. Il finance également les expéditions de Jacques Cartier au Canada en 1534, 1535 et 1541, voulant probablement imiter Charles Quint, dont les vaisseaux reviennent d'Amérique du Sud chargés d'or. Comme on le sait, les expéditions au Canada ne rapporteront pas grand chose et l'idée d'une colonie en Amérique du Nord est vite oubliée pour les prochaines années.

C'est au niveau des arts que le rôle de François Ier est le plus ambigu. Il dépense des sommes considérables pour faire venir d'Italie et de Grèce des statues antiques. Il fait également venir des oeuvres des maîtres du temps, que ce soit de Michel-Ange, de Titien ou de Raphaël. Il fait également venir Léonard de Vinci en France, bien que celui-ci ne peigne rien pour lui. On pense cependant qu'il aurait participé aux croquis du château de Fontainebleau.

C'est également sous son règne que le Louvre passe d'une forteresse médiévale au grand palais Renaissance, identique à quelques détails près à celui que l'on aperçoit de nos jours. Il bâtit également le château de Fontainebleau. Toutefois, toutes ces constructions laissent les coffres de la France dans un piteux état.

François Ier meurt en 1542 de septicémie.

Vous aimez l'ambiguïté de François Ier? Vous aimeriez savoir à quoi il pense? Vous pouvez commencez vos recherches ici.

Sa vraie vie. L'épisode de l'élection à la tête du Saint-Empire est relaté par W. Lewis dans sa biographie de Charles Quint. Étrangement, le tiers de ce livre est consacré à François Ier, donc si vous vous intéressez aux relations germano-franco-espagnoles, c'est un excellent point de départ.

Des films. Si vous aimez particulièrement l'architecture de la Renaissance et les histoires de complots, vous pouvez écouter le documentaire sur les signes cachés que François Ier aurait glissé dans ses châteaux ici: http://www.dailymotion.com/playlist/x1hhqa_ValeriePotvin_francois-ier#videoId=xajlqr Vous pouvez également aller jeter un coup d'oeil au "channel" de YouTube consacré au Château de Fontainebleau. http://www.youtube.com/user/fontainebleauchateau Bien que ce ne soit pas une vidéo, je vous mets également le lien pour la chanson qui m'a permis de faire l'introduction de cet article. L'arrangement musical y est très joli, et vous aurez les paroles en plus: http://www.labouline.com/html/paroles_CD3_9.htm

En parallèle. Ce qu'il y a de bien avec le côté humaniste de François Ier, c'est qu'il a touché à tellement de chose que la section "En parallèle" est plutôt facile à faire! Je commencerai donc par vous suggérez l'épatant numéro spécial d'Historia sur le Louvre d'aujourd'hui et d'hier (septembre-octobre 2010). Vous pouvez également aller sur le site de ce géant des musées, où la section "Histoire" vers laquelle vous redirige le lien vous en apprendra plus sur le rôle de François Ier dans son développement: http://www.louvre.fr/llv/musee/histoire_louvre.jsp Enfin, si vous voulez vous aventurez du côté des ennemis de François Ier, vous aurez un très bel aperçu de la dualité entre le côté "je suis le plus beau prince d'Europe" vs "je suis un misogyne mégalomane" d'Henri VIII dans le documentaire de Secret d'Histoire, intitulé à juste titre "Henri VIII: Un amour de tyran": http://www.dailymotion.com/playlist/x1hhqr_ValeriePotvin_secret-d-histoire-2009-08-13#videoId=xcy7ea

En ligne. Comme d'habitude, une étagère de ma bibliothèque Google Books a été créée pour François Ier. Il trouverait probablement qu'elle ne contient pas assez de livres pour illustrer sa grandeur et qu'en plus, je n'en ai pas mis en latin ou en grec, mais allez y jeter un coup d'oeil quand même! http://books.google.ca/books?uid=5193644990311896005&as_coll=1021&hl=fr&source=gbs_lp_bookshelf_list

Et surtout, le plus important... JOYEUX NOËL ONCLE FRANÇOIS!!!!

***

(1) Scherer, Edmond. Études critiques sur la littérature contemporaine, Paris, Lévy frères, 1882, http://books.google.ca/, p. 53-54.

Manon Roland

Le temps des fêtes est arrivé officiellement depuis quelques semaines déjà, et nous oblige à penser à l'inévitable "Sapristi, quel cadeau je vais lui donner?" Ma solution miracle est, bien sûr, le livre. Plusieurs diront qu'il s'agit d'un cadeau impersonnel, mais je suis en total désaccord: trouver un bon livre, avec une histoire et un genre littéraire qui plait à la personne à laquelle vous voulez l'offrir peut prendre beaucoup de temps. Et puis, moi, j'aime recevoir des livres. Et je suis sûre que le personnage historique auquel est dédié cet article aurait aussi aimé en recevoir.

Manon Roland, née Manon Phlipon, est née en 1754 à Paris. Son père, maître graveur de la place Dauphine, est assez aisé. La jeune fille, d'une rare intelligence, s'intéresse très tôt à la littérature. Plutarque est son auteur préféré, Rousseau son maître, et elle dévore les Montesquieu, Voltaire et autres inévitables de l'époque. 

Trop intéressée par ses lectures, elle renonce au couvent. Elle passe également quelques temps à Versailles en 1774, mais restera marquée par le dédain des aristocrates vis-à-vis des bourgeois.

Elle aura plusieurs prétendants, mais refusera de se marier. Ce n'est qu'en 1780 qu'elle épousera Jean-Marie Roland de la Platière, un vérificateur de manufacture de vingt ans son aîné qui est sévère et vertueux. La vie conjugale l'ennui rapidement. La famille vit successivement à Amiens, puis près de Lyon. Là, elle écrit des articles politiques pour le Courrier de Lyon. La famille retournera à Paris en 1791, au plein coeur de la Révolution.

À Paris, on demande à Monsieur Roland de faire un compte rendu de la situation des manufactures françaises. Manon Roland s'implique également dans la politique en ouvrant chez elle un salon, et recevra bientôt Brissot, Pétion, Robespierre et Buzot. Au même moment, Monsieur Roland, grâce à ses contacts avec les Girondins, devient Ministre de l'Intérieur en 1792.

Mais... qui sont ces Girondins?

Les Girondins étaient le groupe de droite de l'Assemblée nationale au moment de la Révolution, ce qui les opposait aux Montagnards de gauche. La plupart des Girondins étaient inscrits au club des Jacobins, et étaient partisans d'une république démocratique aux pouvoirs centralisés.

Madame Roland devient donc l'égérie du parti et aide son mari avec les affaires du ministère de l'Intérieur. Elle écrit notamment la lettre que celui-ci remet à l'Assemblée et qui demande au roi de revenir sur son droit de veto. Toutefois, son mari démissionne quelques temps plus tard, et Manon Roland doit donc se retirer de la politique. 

Lorsque les Girondins sont exclus de l'Assemblée, elle reste à Paris, contrairement à son époux et à Buzot, un membre de son salon avec qui elle était particulièrement liée malgré sa fidélité à son époux. Elle est donc arrêtée le 1er juin 1793 et enfermée à la prison de l'Abbaye, mais est libérée le 24 juin, avant d'être arrêtée de nouveau une heure plus tard. Elle est ensuite enfermée à Sainte-Pélagie, puis à la Conciergerie, la même prison qui a vu Marie-Antoinette. À la Conciergerie, ses gardiens lui donnent de quoi écrire. Elle rédige ainsi ses Mémoires, dédiée à sa fille Eudora Roland.

Elle est jugée par le Tribunal Révolutionnaire le 8 novembre 1793. Le soir même, elle est décapitée. On raconte que, sur le chemin de l'échafaud, passant devant la statue de la Liberté (oui, elle est bien exécutée à Paris, pas à New York), elle se serait exclamée "Ô, Liberté, que de crime on commet en ton nom!"

Vous êtes fascinés de voir qu'il existe des femmes dans l'histoire qui ont fait quelque chose? Vous vous passionnez pour le rôle des femmes durant la Révolution française? Vous pouvez approfondir vos connaissances sur le sujet en commençant par ces quelques suggestions.

Des films. Pour avoir un bon premier contact avec la Révolution française, je vous suggère le film fait pour commémorer le deux centième anniversaire de la Révolution, La Révolution française, qui présente très bien le contexte historique et que vous pouvez trouver à l'adresse suivante: http://www.youtube.com/watch?v=taRBxR-fxq0&feature=&p=CB8F6DBF3DBEBC2C&index=0&playnext=1 Si toutefois, vous vous intéressez d'avantage au rôle des femmes durant la Révolution, très peu de documents ont été fait sur Manon Roland. Cependant, vous pouvez regarder le documentaire que Secrets d'Histoire a produit sur Charlotte Corday, qui assassina Marat. http://www.dailymotion.com/playlist/x1hhnt_ValeriePotvin_secret-d-histoire-2008-05-31#videoId=x5m3qj

En ligne. Comme toujours, vous pouvez aller fureter sur l'étagère consacrée à Manon Roland dans ma bibliothèque Google Books! http://books.google.ca/books?uid=5193644990311896005&as_coll=1020&hl=fr&source=gbs_lp_bookshelf_list

Vous avez des anecdotes sur Manon Roland? Vous voulez souligner le rôle d'une femme de la Révolution qui est méconnue? N'hésitez pas à m'en faire part dans vos commentaires!

Et surtout... JOYEUX NOËL TANTE MANON!!!!!

Louise de la Vallière


Depuis le début du temps des fêtes, il ne se passe pas un jour sans que les médias nous disent que Noël est devenu une fête commerciale, et qu'il faut absolument revenir aux valeurs qui en sont à l'origine. Alors, je me suis dit que ce serait bien de consacrer un article à quelqu'un de l'histoire de la France qui avait toutes ces valeurs. Le choix a été simple: Louise de la Vallière.

Françoise Louise de la Beaume Le Blanc, duchesse de la Vallière et de Vaujours, est née à tour en 1644. Son père est un militaire que sa mère a épousé en secondes noces (son premier mariage était à un conseiller du parlement de Paris). À la mort de son père en 1651, sa mère épouse Jacques de Courtavel, qui est maître d'hôtel de Gaston d'Orléans, l'oncle du roi Louis XIV.

À 17 ans, elle participe malgré elle à une des intrigues les plus célèbres de Versailles en entrant au service d'Henriette-Anne d'Angleterre.

Qui est cette Henriette-Anne d'Angleterre?

Et bien, il s'agit d'une princesse Anglaise, fille du roi Charles Ier, qui nait au plus fort de la guerre civile. Sa mère, ancienne princesse française, rejoint la France avec elle, bientôt rejointe par son fils. Charles Ier sera décapité quelques temps plus tard. Elle passera beaucoup de temps durant son enfance avec ses cousins germains, le dauphin Louis et le frère de celui-ci, Philippe. Elle épousera Monsieur, frère de Louis XIV, en 1661, devenant ainsi Madame, première dame de France après la reine elle-même, mais aussitôt, les rumeurs commencent à courir. Comme toute la cour sait que Monsieur n'est pas très sensible aux charmes de sa femme et qu'il préfère ses favoris, la cour cherche à Madame des amants, et qui pourrait atteindre le niveau hiérarchique de Madame, sinon le roi lui-même?

Quand on sait que les familles royales avaient tendance à se marier entre membres de la même famille, l'affaire pourrait sembler logique. Après tout, il y avait plus de degré de séparation entre Henriette-Anne d'Angleterre et Louis XIV qu'entre le roi et sa femme. Toutefois, l'histoire semble avoir oublié un aspect très important de la psychologie de la dynamique familiale de l'époque: la religion.

Effectivement, si la religion catholique ne voyait aucun problème à lier deux cousins par le mariage, il faut comprendre que le sens du noyau familial était très large à l'époque. Ainsi, ce que le XXe siècle considère comme le noyau familial (parents, frères et soeurs) était beaucoup plus étendu à l'époque. Pour Louis XIV, lorsqu'Henriette-Anne épouse son frère, elle ne devient pas sa "belle-soeur", mais bien sa soeur. Et la religion catholique est très stricte à considérer que l'inceste entre frères et soeurs est un péché mortel qui sera puni par la damnation éternelle. Et, bien que Louis XIV ait commis à plusieurs reprises le péché d'adultère, il était trop pieux pour risquer son âme dans une telle affaire.

Toutefois, la cour ne se donnait probablement pas la peine de vérifier les ragots et colportait donc des nouvelles dangereuses pour l'âme du roi. Après une rencontre au sommet, Henriette-Anne et Louis XIV ont décidé du stratagème suivant: il fallait montrer que le roi ne venait pas voir Henriette-Anne lorsqu'il allait dans ses appartements, mais plutôt ses demoiselles d'honneur. Et comme la petite Louise de la Vallière était plutôt jolie, il fût décidé que le roi devait lui montrer de l'intérêt.

Louis XIV commence donc à montrer son intérêt à Louise de la Vallière, qui  est ravie puisqu'elle est secrètement amoureuse du roi. Toutefois, le récent mariage du roi à Marie-Thérèse d'Autriche, et l'intérêt marqué d'Anne d'Autriche, qui désapprouve la nouvelle relation de son fils par crainte pour le salut de son âme, pousse le roi et sa nouvelle favorite à être discret sur leur relation, ce qui, bien entendu, n'empêche pas la cour de potiner sur le sujet de l'heure. Louise de la Vallière s'accommode cependant bien de cette relation, car elle est discrète de nature.

Toutefois, la mort de la reine mère, en 1666, le roi décide de rendre leur relation publique et, quelques semaines après la mort d'Anne d'Autriche, Louise de la Vallière assiste à la messe à côté de l'épouse de Louis XIV. Profondément pieuse et respectueuse de sa souveraine, la jeune fille est mal à l'aise (ce qui est compréhensible, à mon humble avis) et honteuse. La reine gardera une forte animosité contre Louise de la Vallière, même après la chute de celle-ci, car la reine ne sera pas mise au courant que son mari à changer de maîtresse.

Entre 1663 et 1667, la Duchesse de la Vallière aura quatre enfants du roi, dont les deux derniers seront légitimés.

C'est également durant cette période que le roi débutera sa relation avec une nouvelle maîtresse, la marquise de Montespan. Les historiens font généralement débuter cette nouvelle relation en 1667, durant la campagne de France. Les deux maîtresses cohabitent durant un certain temps, avant que Louise de la Vallière, prise d'une maladie qui lui fait voir la mort de près (on pense aujourd'hui qu'il s'agit d'une fausse couche) ne décide de se tourner vers la religion. Après l'intervention du parti dévot (qui voulait faire cesser à Louis XIV ses relations extraconjugales afin de garder l'appui du pape et, surtout, de sauver l'âme de leur souverain), elle décide de se retirer de la cour et d'entrer au couvent.

Elle arrête son choix sur le couvent des Grandes-Carmélites, reconnu pour sa sévérité. Malgré les demandes du roi et l'intervention de Madame de Montespan, la favorite déchue refuse un couvent moins sévère. Elle fait également scandale en insistant pour faire des excuses publiques à la reine.

Elle prendra le nom de Louise de la Miséricorde, et écrira notamment Réflexions sur la Miséricorde de Dieu. Cette nouvelle fonction ne l'empêche pas de recevoir des visiteurs de marque, notamment la reine, Bossuet (membre du parti dévot qui lui avait conseillé de se retirer de la cour), Madame de Sévigné et la seconde épouse de Monsieur, la princesse palatine Charlotte-Élizabeth.

Elle mourut en 1710. Malgré les scandales qui ont marqué sa vie à Versailles, le fait qu'elle n'ait jamais chercher à tirer profit de sa relation avec le roi, contrairement aux autres maîtresses de celui-ci, a laissé aux mémorialistes de l'époque un bon souvenir de la jeune femme.

Vous êtes fascinés par Louise de la Vallière? Vous vous dites "Enfin! Quelqu'un qui ne fait pas de magouille à Versailles!"? Et bien, voici quelques façons d'en apprendre plus sur elle!

Sa vraie vie. L'excellent livre d'Antonia Fraser Love and Louis XIV: The Women in the Life of The Sun King (qui vient d'être publié en français également) consacre plusieurs chapitres à la favorite. Vous pouvez également jeter un oeil au chapitre qui lui est consacré dans le livre Reines et favorites de France, publié chez Larousse dans la collection "Les documents de l'histoire", et qui est d'un visuel épatant.

Des romans. Avis à tous les amateurs de romans de cape et d'épée: l'inimitable Alexandre Dumas a fait de Louise de la Vallière un des personnages centraux de son roman Le vicomte de Bragelonne, le troisième opus de sa série Les trois mousquetaires. Toutefois, le film L'homme au masque de fer, sorti en 1998 et inspiré du roman, ne fait pas mention de la favorite.

Dans la vie de tous les jours. Louise de la Vallière, de son temps, était célèbre pour une cravate qu'elle portait en forme de boucle, et qui a dorénavant pris son nom (une lavallière). La cravate est maintenant d'avantage portée par les hommes, et vous pouvez apprendre à faire le noeud dans le vidéo suivant: http://www.youtube.com/watch?v=q6wkyBsVnS0&feature=related

Des films. Secret d'Histoire, ma source intarissable de documentaires historiques, a consacré un épisode aux maitresses de Louis XIV et Louis XV intitulé "Elles ont régné sur Versailles". Cet épisode spécial, d'une grande qualité, est disponible à l'adresse suivante: http://www.dailymotion.com/playlist/x1hhoi_ValeriePotvin_secret-d-histoire-2008-08-21#videoId=xabwxe

En parallèle. Comme Louis XIV a dédié à Louise de la Vallière les fêtes des Plaisirs de l'Isle Enchantée en mai 1664 (c'était la première fête donnée au château de Versailles), peut-être serez-vous intéressés à regarder le film Le roi danse, qui raconte l'amour de Louis XIV pour la danse et son amitié avec le compositeur Lully. C'est aussi une belle façon de découvrir le classicisme français en opposition au baroque des pays protestants. Je n'ai pas encore eu le temps de le regarder, mais on m'a assuré qu'il était excellent. Vous pouvez trouver le film à l'adresse suivante: http://www.youtube.com/watch?v=mkMMNq7r2Zo&feature=&p=755B1B859A443A45&index=0&playnext=1

En ligne. Ne vous gênez pas pour aller jeter un coup d'oeil à mon étagère sur Google Books qui est consacrée à Louise de la Vallière! http://books.google.ca/books?uid=5193644990311896005&as_coll=1019&hl=fr&source=gbs_lp_bookshelf_list

Si vous avez des anecdotes sur Louise de la Vallière ou les fêtes des Plaisirs de l'Isle Enchantée, ou si j'ai oublié un pan important de sa vie, ne vous gênez surtout pas pour m'en faire part dans les commentaires!

Et surtout... JOYEUX NOËL MAMIE LOUISE!!!!

mardi 21 décembre 2010

Claude de Lorraine, duc de Guise

Si vous écoutez les chansons traditionnelles de Noël attentivement, vous vous rendrez compte que, étrangement, malgré le fait que Noël est sensé être une période de paix et de bonheur, plusieurs de ces chansons parlent de la guerre (notamment L'enfant au tambour) et que d'autres sont construites sur le rythme de marches militaires (La marche des rois).

Donc, je ne suis pas si hors sujet que ça quand j'accorde un article à un homme militaire durant le temps des fêtes... non?

Claude de Lorraine est né en 1496. Il est issu du deuxième mariage de son père, René II, duc de Lorraine, avec Philippe de Gueldre (oui, Philippe de Gueldre était bien une femme, j'ai vérifié). Puis, à la mort de son père, il obtient les territoires français de celui-ci, et devient sénéchal de Champagne. Et oui, le champagne existait déjà à l'époque (qu'est-ce que vous voulez, il en faut, des chanceux!).

C'est également à la mort de son père qu'il est introduit à la cour de France par sa mère. Il y rencontre alors son cousin, le dauphin François, futur roi François Ier. En 1506, il est naturalisé français grâce à une lettre du roi Louis XII. Toutefois, malgré cet honneur, plusieurs personnes qui voyaient d'un mauvais oeil le rapprochement de la Lorraine et de la famille royale ont continué à le traiter en prince étranger.

C'est cependant lorsque François Ier monte sur le trône, en 1515, que Claude de Lorraine commence à briller.

En effet, François Ier décide de s'enrôler dans la cinquième guerre d'Italie, qui a pour but de reprendre le duché de Milan. Les Français s'opposent donc aux Suisses dans cette guerre, qui eux appuient le duc de Milan, Maximilien Sforza.

Claude de Lorraine se bat donc aux côtés de son cousin, François Ier dans la guerre. Il fait également parti de la bataille la plus célèbre du conflit, la bataille de Marignan, de laquelle il sortira grièvement blesser. Cependant, la bataille est gagnée, Milan redevient un duché français, et les actions héroïques de Claude de Lorraine lui valent les faveurs du roi.

Ainsi, en 1520, avec l'appui du roi, le procès qui oppose la maison de Lorraine à celle de Rohan au sujet du duché de Guise se résout en faveur de la Lorraine, et Claude de Lorraine devient ainsi le premier duc de Guise. Puis, il retourne se battre, d'abord contre les Anglais, puis contre les Espagnols.

En 1525, toutefois, François Ier est fait prisonnier à la Bataille de Pavie. Claude de Lorraine devient ainsi le conseiller militaire de Louise de Savoie, mère de François Ier et régente durant la captivité de son fils. Toutefois, il s'attire les foudres du conseil de régence quand il lève une armée pour combattre la Révolte des Rustauds, qui menace ses territoires.

Et... C'est quoi, la Révolte des Rustauds?

La Révolte des Rustauds résulte en fait d'une extension de la réforme luthérienne aux sphères sociales du Saint-Empire romain germanique. Ainsi, lorsque Luther placarde ses thèses en 1517, il demande la sécularisation des biens du clergé au profit des États. En 1524, les paysans du Saint-Empire décident de s'appuyer sur cette clause pour demander des privilèges religieux, économiques et sociaux. On compte entre autres, parmi leur demande:
  • L'élection des prêtres par le peuple;
  • La limitation du taux des dîmes;
  • La suppression du servage;
  • La liberté de pêche et de chasse;
  • L'augmentation de la surface des terres communales; et
  • La suppression de la peine de mort.
Étrangement, de telles revendications ne plaisent pas aux nobles locaux, qui réussissent à étouffer la révolte en 1526. Même Luther les condamne.

Mais bon, tout de même, la Lorraine est proche du Saint-Empire, et il est compréhensible que Claude de Lorraine souhaite protéger ses terres contre d'éventuelles révoltes de ses paysans. Toutefois, comme il n'y avait pas encore de révolte au moment où il a levé son armée, on peut aussi comprendre pourquoi la régente ne voyait pas l'utilité d'une telle armée.

Toutefois, il envoie son armée aider les comtés voisins, et des paysans sont massacrés le 17 mai 1525, ce qui vaut à Claude de Lorraine le surnom de Grand Boucher.

Lorsque le roi est libéré, en janvier 1526, il décide de faire "le grand ménage" de son entourage et ne garde auprès de lui que ceux qui lui sont restés fidèles durant son emprisonnement. Heureusement pour Claude de Lorraine, le roi le garde près de lui. François Ier le fait notamment gouverneur de bourgogne, en plus de faire du duché de Guise un duché-prairie, faisant ainsi de lui un pair de France. Le fait que ces faveurs soient accordées à un homme qui ne fait pas partie de la famille directe du roi fait scandale, mais tous doivent se plier à la volonté royale.

Puis, Claude de Lorraine a encore quelques faits d'armes important, avant de tomber en disgrâce. Effectivement, François Ier tombe malade en 1539. Croyant son souverain sur son lit de mort, Claude de Lorraine fait l'erreur de prendre le parti pour le dauphin, futur Henri II, et Diane de Poitiers, la maîtresse du roi. De plus, plusieurs voient d'un mauvais oeil le fait que Claude de Lorraine dirige à la fois la Champagne et la Bourgogne. Une fois rétabli, le roi lui retire donc la Bourgogne.

En 1544, lorsque Charles Quint prend la Champagne, Claude de Lorraine laisse tomber les armes, qu'il donne à son fils aîné, François. Il meurt en 1550. Toutefois, il laisse plusieurs descendants célèbres, dont la fameuse Marie Stuart.

Vous voulez en apprendre plus sur Claude de Lorraine et les Guise? Vous voulez perfectionner votre histoire militaire du début du XVIe siècle?

Des films. Secret d'Histoire a consacré un épisode à la plus célèbre descendante de Claude de Lorraine, Marie Stuart. Vous pouvez trouvez l'épisode au complet à l'adresse suivante: http://www.dailymotion.com/playlist/x1hho5_ValeriePotvin_secret-d-histoire-2009-01-11#videoId=x7zu6m

En ligne. Comme toujours, l'étagère de ma bibliothèque Google Book sur Claude de Lorraine vous est grande ouverte! Allez y jeter un coup d'oeil! http://books.google.ca/books?uid=5193644990311896005&as_coll=1018&hl=fr&source=gbs_lp_bookshelf_list

J'ai oublié de mentionner un fait d'arme de Claude de Lorraine? Vous avec des anecdotes sur la Lorraine, la Champagne, la Bourgogne ou les batailles que j'ai mentionné? N'hésitez pas à nous les partager dans vos commentaires!

Et surtout... JOYEUX NOËL PAPI CLAUDE!!!!!


Marie-Thérèse d'Autriche

File:Portrait marie therese france.jpgCe qu'il y a de bien, à Noël, c'est que ça nous donne une occasion de rassembler toute la famille. Tout le monde chante, danse le rigodon, on fait des concours de celui qui peut manger le plus de tourtières possible, bref, on s'amuse en famille. Sauf que...

Je me suis mise à imaginer un peu de quoi ça devait avoir l'air, dans "l'ancien temps", quand les grands de ce monde recevait leur famille à dîner pour Noël. Imaginez un instant que Louis XIV reçoit les parents de sa femme, l'ancienne infante d'Espagne, alors qu'il est en train de se battre contre eux durant la Guerre de Succession d'Espagne. On parie combien que l'ensemble de vaisselle ne survivait pas au repas?

Mais bon... C'était qui, cette infante d'Espagne? Et bien, c'était Marie-Thérèse d'Autriche, la première épouse du Roi-Soleil.

Bon, prenons tout d'abord un moment pour démêler tous ces mots qui soulèvent une bien épineuse question: si elle était l'infante d'Espagne... pourquoi son nom de famille, c'est "d'Autriche"? Et bien, il faut remonter assez loin avant le mariage de Marie-Thérèse et Louis XIV pour pouvoir l'expliquer.

Le tout commence en 1519, lorsque l'Empereur du Saint-Empire romain germanique, Maximilien Ier, meure. Jusque là, rien de grave, ce sont des choses qui arrivent. Le hic, c'est que le Saint-Empire n'est pas uni: il est composé de plus de 250 petits états, tous indépendant, qui doivent voter pour avoir un nouvel Empereur (qui est en fait plus un titre symbolique qu'autre chose). Donc, voilà 250 états indépendants qui se retrouvent sans "leader" pour les tenir en union.

Jusque là, cependant, il n'y a pas de problèmes majeurs. Sauf que, en 1517, donc deux ans plus tôt, Martin Luther a décidé de placarder ses thèses pour réformer la religion catholique, et que le pape, que le Saint-Empire doit protéger, voit d'un très mauvais oeil un petit moine lui dire comment il doit mener ses fidèles. La priorité devient donc celle-ci: élire un nouvel empereur, mais surtout, élire un empereur qui est un catholique convaincu. Or, quand Luther propose la sécularisation des biens de l'Église au profit des petits états indépendants, vous comprendrez que plusieurs princes sont tentés par ce christianisme réformé. Et en même temps, il ne faut pas offenser les Habsbourg, qui se font presque toujours élire à la tête de l'empire depuis le XIIIe siècle.

Emperor charles v.pngC'est à ce moment que Charles Ier d'Espagne arrive dans le décor du Saint-Empire. Son père, Philippe de Habsbourg, était prince bourguignon (un des nombreux états du Saint-Empire) lorsqu'il épouse sa mère, Jeanne de Castille. Comme les élections consistent en fait à acheter le vote des princes-électeurs, il s'allie avec le banquier Fugger, appuie beaucoup sur son héritage légitime à l'Empire dû à son père, et se fait élire roi des Romains en 1519, puis empereur en 1520 sous le nom de Charles V, mais qu'on connaît d'avantage sous le nom de Charles Quint. Jusque là, la vie est belle pour Charles Quint: il a remporté l'élection contre son autre grand rival, François Ier de France, et il encercle l'ennemi français à l'Est et au Sud.

Sauf que voilà, l'expédition sur Alger, que Charles Quint dirige en 1541, est catastrophique. En plus, en 1555, il a la goutte et il perd sa mère. Et, pour ajouter à la souffrance, il voit la signature de la paix d'Augsbourg, qui autorise les princes du Saint-Empire à imposer leur religion (soit luthérienne ou catholique) à leurs sujets. En gros, pour un roi catholique qui dirige la super-puissance mondiale de l'époque, ses affaires vont mal. Il décide alors d'abdiquer. Il donne le Saint-Empire à son frère, Ferdinand, et l'Espagne à son fils, Philippe II.

C'est donc de ce Ferdinand que Marie-Thérèse est issue. Sauf que maintenant, il y a deux trônes occupés par les Habsbourg: on parle maintenant des Habsbourg d'Autriche et des Habsbourg d'Espagne. Sauf que les Habsbourg ont la fâcheuse habitude de fonctionner avec l'idée qu'il faut garder certaines choses dans la famille, et souvent, ces "certaines choses", ça veut aussi dire de se marier entre cousins et cousines, et mêmes parfois entre oncles et nièces. Chez les Habsbourg d'Autriche, les conséquences de cette consanguinité concentrée se résume par un menton mal centré et plutôt proéminent, alors que les Habsbourg d'Espagne sont plutôt victimes de maladies mentales.

Donc comment Marie-Thérèse d'Autriche s'est-elle retrouvée en Espagne? Suivez le guide:
  • Ferdinand se marie à Anne Jagellon de Bohême et de Hongrie. Ensemble, ils ont plusieurs enfants, dont Charles II d'Autriche.
  • Charles II d'Autriche se marie à Marie-Anne de Bavière. Parmi leurs quinze enfants, on compte Marguerite d'Autriche.
  • Marguerite d'Autriche se marie à Philippe III d'Espagne. Avant de mourir en donnant naissance à son huitième enfant, elle donne naissance à Philippe IV d'Espagne.
  • Philippe IV d'Espagne a comme première épouse Élizabeth de France. C'est de cette union que Marie-Thérèse d'Autriche nait.
Donc, voilà, on a retourné Marie-Thérèse en Espagne. Elle nait à Madrid le 10 septembre 1638, quelques jours avant son futur époux, qui lui naît le 5 septembre de la même année. Elle perd sa mère en 1644, et, quelques années plus tard, lorsqu'elle atteint ses huit ans, elle devient également le seul enfant survivant à ce mariage.

Pour réunir de nouveau l'Empire d'Espagne et le Saint-Empire, il est question pendant un temps qu'elle épouse son cousin Ferdinand, puis, à sa mort, le frère de celui-ci, l'empereur Léopold Ier. Mais Marie-Thérèse reste persuader qu'elle épousera son doublement cousin, le dauphin Louis de France. Pourquoi doublement cousin?

Et bien, on a déjà vu que Philippe IV d'Espagne avait épousé Élizabeth de France. Et bien, la soeur de Philippe IV, Anne d'Autriche, a épousé le frère d'Élizabeth de France, le roi Louis XIII. Ce double mariage avait été célébré en 1615, avait pour but d'être une garantie de paix entre deux ennemis héréditaires, une espèce d'accord tacite disant: "On a une de vos princesses, vous nous déclarerez pas la guerre si elle est avec nous!"

Donc voilà. Marie-Thérèse a envie d'épouser son cousin français. Cependant, l'Espagne et le France sont (encore) en guerre depuis 1635 (dans le cadre de la Guerre de Trente Ans), donc ça s'annonce mal pour la demoiselle. Mais, heureusement pour elle, la Guerre de Trente Ans se termine en 1648, et elle épouse son cousin, le dauphin Louis de France, futur Louis XIV, le 9 juin 1660, à Saint-Jean-de-Luz. À son mariage, elle ne parle pas français, mais elle apporte en France le chocolat et la première orange. J'imagine que ça compense.

Louis XIV, pour sa part, parlait espagnol grâce à sa mère. Et les lacunes en français de sa nouvelle femme n'ont pas semblé l'offusquer plus que ça, parce que, selon les oreilles indiscrètes, les nouveaux époux se sont bien amusés durant leur nuit de noces.

Une fois les cérémonies du mariage passées, toute la cour retourne à Paris. Et c'est là que les vrais problèmes commencent. Comme il a été mentionné plus tôt Marie-Thérèse ne parle qu'espagnol, et elle gardera un fort accent même lorsqu'elle apprendre le français, ce qui inspire plusieurs moqueries à la cour. Elle n'aide pas sa cause en se liant fortement avec sa tante/belle-mère, Anne d'Autriche, et toutes deux vivront longtemps selon l'étiquette d'Espagne en parlant espagnol entre elles.

Toutefois, on ne s'attend pas à ce que les deux époux discutent plus que cela. La nouvelle reine de France a deux devoirs: faire des enfants et prier. Marie-Thérèse donnera six enfants à son époux avant qu'il ne la délaisse définitivement pour ses favorites. Toutefois, Marie-Thérèse était profondément pieuse avant même de devenir reine: elle était même si soucieuse de sa foi qu'elle invitait même les maîtresses de son mari à venir prier avec elle.

Cependant, elle avait un devoir caché: la succession d'Espagne. En effet, dans le contrat de mariage de Marie-Thérèse, l'Espagne garantissait à la France une dot d'une somme astronomique, en échange de quoi la princesse espagnole renonçait à toutes ses prétentions sur le trône d'Espagne. 

Donc, à sa mort, en 1665, Philippe IV laisse le trône à son fils (demi-frère de Marie-Thérèse) Charles II, mais comme celui-ci est mineur (et qu'il s'avérera être en mauvaise condition physique et mentale, probablement à cause de sa consanguinité), sa deuxième épouse, Marie-Anne d'Autriche, assure la régence.

Toutefois, l'Espagne n'a toujours pas payé la totalité de la dot, donnant ainsi le droit légitime à Louis XIV de revendiquer le trône d'Espagne au nom de son épouse. Le roi de France entraîne donc l'Europe dans ce qu'on appelle la Guerre de Dévolution (1667-1668), durant laquelle il gagnera les territoires espagnols en Flandres.

Durant ce temps, Marie-Thérèse reste en France, accompagnée de sa cour espagnole, mangeant de l'ail et du chocolat, et habillée à l'espagnole, ce que la cour ridiculise. Elle perd son seul appui, la reine mère, en 1666. De plus, son mari l'humilie en plaçant ses maîtresses parmi ses dames d'honneur. Le roi la délaisse officiellement au profit de ses maîtresses aux alentours de 1672, suite à la naissance de leur dernier enfant.

Cependant, en 1680, le roi, sous l'influence de Madame de Maintenon (la femme qui est chargée d'éduquer les enfants naturels de Louis XIV et de Madame de Montespan), se rapproche de la reine. Surprise, la reine pensera que Madame de Maintenon a été invoquée par Dieu pour lui redonner le roi. Il est cependant ironique que cette même Madame de Maintenon, à la mort de la reine, deviendra l'épouse morganatique de Louis XIV.

Marie-Thérèse mourra en juillet 1683, à Versailles, d'une tumeur bénigne sous le bras, qui se transformera en septicémie suite à une saignée.

Vous voulez en apprendre plus sur les relations que la France entretenait avec l'Espagne? Vous voulez en apprendre plus sur la cour de France et la façon dont ils traitaient la reine Marie-Thérèse?

Sa vraie vie. Depuis le début du XXe siècle, on commence à s'intéresser d'avantage à l'histoire de ceux qui étaient considérés comme "marginaux" par les siècles précédents. Étrangement, les siècles précédents considéraient les femmes comme étant marginales. Cependant, cela nous permet d'avoir plusieurs sources récentes en histoire des femmes. Cependant, comme elle avait une vie rangée, les historiens continuent à s'intéresser surtout aux maitresses du Roi Soleil. Vous pouvez cependant en apprendre plus dans l'excellent livre d'Antonia Fraser, Love and Louis XIV: The Women in the Life of The Sun King, qui vient d'être traduit en français selon mes sources.

Des films. Il n'y a pas vraiment de films de fiction sur Marie-Thérèse, cependant, plusieurs documentaires ont été faits sur elle. Toutefois, Secret d'Histoire a consacré une émission à sa tante/belle-mère Anne d'Autriche, que vous pouvez voir sur l'adresse suivante: http://www.dailymotion.com/playlist/x1hhn6_ValeriePotvin_anne-d-autriche#videoId=xem0ys

En parallèle. Si vous vous intéressez d'avantage au côté sombre de la famille royale d'Espagne, le livre de Brenda Ralph Lewis, Dark History of the Kings and Queens of Europe: From Medieval Tyrants to Mad Monarch, est à lire absolument. Finalement, si je vous ai perdu avec mes explications sur le pourquoi du comment que Marie-Thérèse d'Autriche est en fait espagnole, vous pouvez lire la biographie de Charles Quint faite par W. Lewis, qui se concentre sur le conflit de la succession au Saint-Empire.

En ligne. Comme d'habitude, une étagère de ma bibliothèque Google Book est consacrée à cette reine de France. Libre à vous d'aller voir ce que j'ai à vous proposer: http://books.google.ca/books?uid=5193644990311896005&as_coll=1017&hl=fr&source=gbs_lp_bookshelf_list

Vous avez des anecdotes à me partager sur Marie-Thérèse? J'ai carrément oublié un pan de sa vie? N'hésitez pas à m'en faire part dans vos commentaires!

Et surtout.... JOYEUX NOËL, TANTE THÉRÈSE!!!!

Huguette Grémy-Chauliac


Ah! Noël et ses chansons... Justement, j'étais en voiture avec ma mère il y a quelques jours et nous revenions de faire des commissions pour le réveillon, et nous avons entendu une chanson à la radio qui proposait les paroles suivantes:

"A mon cinquième Noël
Ma grand-mère m'a donnée
Cinq clavecins
Quatre grandes harpes
Trois hautbois
Deux pianos à queue
Et un tambour qui fait ra pa pam pam"

Bon, alors, je sais pas vous, mais moi, trois choses m'ont frappé dans cet extrait: 
1) Mon doux! Ils sont vraiment riche, dans cette famille-là, vu le prix du clavecin, des harpes et des pianos à queues de nos jours!
2) Ils doivent vraiment avoir une grande maison pour pouvoir entreposer tout ça!
3) C'est bien beau avoir tout ça... mais vous en connaissez beaucoup, vous, des professeurs de clavecin de nos jours?

Et bien, moi, je connais pas de professeurs de clavecin. Cependant, j'ai réussi à trouver une magouille parfaite: une de mes tantes s'appelle Huguette, et une des plus grandes clavecinistes du XXe siècle s'appelle Huguette aussi! Donc, je pourrais essayer de l'amadouer en lui disant que ma tante a le même nom qu'elle, et profiter de la magie du temps des fêtes pour qu'elle accepte de me donner des cours (à condition, bien sûr, que je me trouve un clavecin pour répéter, ce qui ne se fera pas de si tôt...).

Mais c'est qui, cette Huguette claveciniste?

Huguette Gémy-Chauliac est née en 1928, à Paris. Avant de se consacrer au clavecin, elle s'oriente vers l'archéologie et suit des cours avec l'École du Louvre entre 1947 et 1949. Ses cours sont orientés vers l'archéologie romaine.

Puis, elle s'oriente vers la musique. Mais bon, j'imagine que la France des années 1950 avait les mêmes problèmes musicaux que le Québec de 2010: un clavecin, ça ne se trouve pas à tous les coins de rues. Alors, elle s'oriente d'abord vers le piano. Avec cet instrument, elle gagne même un prix au CNSM de Paris (Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, fondé dès 1795). C'est après tout ça qu'elle se tourne vers le clavecin.

C'est bien beau de parler de clavecin, mais... qu'est-ce que c'est?

En gros, ça ressemble à un petit piano à queue. Ils ont un ou deux claviers, et les cordes sont pincées, contrairement au piano, dont les cordes sont frappées. Les premiers prototypes de clavecins dateraient environ du XVe siècle, mais les clavecins sont devenus populaires avec le baroque et le classicisme. Parmi les plus célèbres compositeurs pour le clavecin, on retrouve notamment Haydn, Mozart, Bach et Rameau. Parmi les clavecinistes célèbres, on retrouve la famille Bach (des vingt enfants que Bach a eu de ses deux mariages, la plupart jouaient du clavecin), et un détail qui, je le sais, ne passera pas inaperçu aux yeux de ma tante: la famille Blanchet, qui eux sont Français.

Mais bon. Si on considère que la plupart de ces compositeurs et de ces clavecinistes sont morts depuis des années, et que le clavecin ne fait pas parti de la musique populaire actuelle... Pourquoi Huguette Grémy-Chauliac, durant les années 1950, a-t-elle décidé d'en jouer?

Et bien, au début du XXe siècle, les musiciens redécouvrent le clavecin à cause de l'Exposition Universelle de Paris de 1889, où on expose un clavecin dit moderne, fabriqué par Pleyel et Erard. Puis, la pianiste Wanda Landowska découvre le clavecin, et décide de le faire connaître aux gens avec les pièces des compositeurs baroques du XVIIe et XVIIIe siècles. Jusqu'à la moitié du XXe siècle, on essaie d'améliorer le clavecin, en le mélangeant avec les bons côtés du piano.

C'est au milieu des années 1950 que le néerlandais Gustav Leonhardt propose une nouvelle approche à la lecture et l'interprétation des musiques anciennes, et a donc favorisé la reprise du clavecin de style originel. Cette nouvelle approche a permis au clavecin de reprendre ses lettres de noblesses dans l'interprétation de la musique baroque. Maintenant, certains musiciens de jazz, comme Erroll Garner, l'intègrent même dans leurs compositions!

Huguette Grémy-Chauliac fait donc partie du deuxième courant de claveciniste. Elle est également la première enseignante de clavecin du conservatoire de Nice.

Huguette Grémy-Chauliac vous intéresse? Vous vous passionnez pour le clavecin après avoir lu cet article? Vous désirez vérifier mes sources? Et bien, voici quelques pistes pour approfondir vos recherches!

Sa musique. La discographie d'Huguette Grémy-Chauliac est pour le moins impressionnante! Toutefois, aucune vidéo de ses oeuvres n'a fait son apparition en ligne à ma connaissance... Si vous voulez toutefois écouter du clavecin, j'ai créé une playlist sur YouTube (http://www.youtube.com/watch?v=JjQBUPiaMQo&feature=&p=122ED7F7697F9EFF&index=0&playnext=1) et une autre sur DailyMotion (http://www.dailymotion.com/playlist/x1hp8u_ValeriePotvin_piece-de-clavecin#videoId=x8re7u).

En ligne. Comme toujours, une étagère de ma bibliothèque Google Book est consacrée au clavecin et aux clavecinistes célèbres. Libre à vous d'aller y jeter un coup d'oeil: http://books.google.ca/books?uid=5193644990311896005&as_coll=1016&hl=fr&source=gbs_lp_bookshelf_list 

Si vous avez des suggestions de pièces de clavecins, si j'ai oublié de souligner un moment important de la vie d'Huguette Grémy-Chauliac ou si vous voulez simplement me faire part de votre amour pour la musique classique ou baroque, ne vous gênez pas pour me laisser un message!

Et surtout, le plus important... JOYEUX NOËL TANTE HUGUETTE!!!