lundi 3 octobre 2011

Quand Paris, parfois, fais des fautes de goût... Parce que oui, ça arrive.

Je pense qu'une des meilleures façons de tâter le poul d'une ville, c'est de se promener dans ses rues. En effet, vous avez beau faire comme moi et restez chez vous en lisant tout ce que vous trouverez sur la ville de Paris et l'histoire de la France plus généralement, si vous ne sortez pas prendre une marche dans les arrondissements, vous n'entenderez jamais un boulanger jeter quelqu'un dehors, deux intellectuels parler sur la terrasse d'un café ou des étudiants s'embêter sur des problèmes abstraits.

Quand vous vous promènerez dans l'île de la Cité, par contre, fermez les yeux et bouchez-vous les oreilles (oui, bon, d'accord, vous avez le droit de regarder avant de traverser la rue: je ne voudrais pas perdre des lecteurs parce que je vous ai conseillé de traverser la rue sans regarder des deux côtés avant de vous engager sur la chaussée).

La raison de ce soudain aveuglement? Une publicité ignoble se trouve sur la Conciergerie (merci à Éli, ma nouvelle source française).

La publicité est pour la nouvelle tablette de Samsung. On y voit le portrait de Marie-Antoinette à la rose par Élizabeth Vigée-Lebrun, mais étrangement... le visage, les mains et le poitrail de Marie-Antoinette sont mystérieusement disparus. Et cela va sans la publicité : Entrez dans l'histoire. Et si vos yeux sont assez bons, vous pourrez lire sous la tablette "Ghosts Save the Queen [Les fantômes sauvent la reine]".

Peut-être pensez-vous que mon amour inconditionnel pour Marie-Antoinette me fait dire des choses que je ne pense pas. Peut-être pensez-vous que l'équipe de publicité de Samsung était particulièrement inspirée. Si l'histoire s'arrêtait là, je ne dirais rien.

Mais l'affiche est sur la conciergerie.

Vous savez, la dernière prison de Marie-Antoinette avant qu'elle aille se faire trancher la tête.

Je veux bien croire que l'histoire peut servir la publicité. Généralement, ce sont les pubs que je préfère. Mais parfois, il faut qu'un historien fasse attention. Vous n'allez pas parler en faveur des mesures sociales du régime nazi dans un mémorial de l'Holocauste. Vous n'allez pas vanter les mérites du président Wilson sur la tombe de Lénine. Vous n'organisez pas de séminaire sur les vertus du capitalisme sur la tombe de Marx.

Vous ne mettez pas une pub sur Marie-Antoinette sans Marie-Antoinette sur la Conciergerie. Point barre.