Depuis le début du temps des fêtes, il ne se passe pas un jour sans que les médias nous disent que Noël est devenu une fête commerciale, et qu'il faut absolument revenir aux valeurs qui en sont à l'origine. Alors, je me suis dit que ce serait bien de consacrer un article à quelqu'un de l'histoire de la France qui avait toutes ces valeurs. Le choix a été simple: Louise de la Vallière.
Françoise Louise de la Beaume Le Blanc, duchesse de la Vallière et de Vaujours, est née à tour en 1644. Son père est un militaire que sa mère a épousé en secondes noces (son premier mariage était à un conseiller du parlement de Paris). À la mort de son père en 1651, sa mère épouse Jacques de Courtavel, qui est maître d'hôtel de Gaston d'Orléans, l'oncle du roi Louis XIV.
À 17 ans, elle participe malgré elle à une des intrigues les plus célèbres de Versailles en entrant au service d'Henriette-Anne d'Angleterre.
Qui est cette Henriette-Anne d'Angleterre?
Et bien, il s'agit d'une princesse Anglaise, fille du roi Charles Ier, qui nait au plus fort de la guerre civile. Sa mère, ancienne princesse française, rejoint la France avec elle, bientôt rejointe par son fils. Charles Ier sera décapité quelques temps plus tard. Elle passera beaucoup de temps durant son enfance avec ses cousins germains, le dauphin Louis et le frère de celui-ci, Philippe. Elle épousera Monsieur, frère de Louis XIV, en 1661, devenant ainsi Madame, première dame de France après la reine elle-même, mais aussitôt, les rumeurs commencent à courir. Comme toute la cour sait que Monsieur n'est pas très sensible aux charmes de sa femme et qu'il préfère ses favoris, la cour cherche à Madame des amants, et qui pourrait atteindre le niveau hiérarchique de Madame, sinon le roi lui-même?
Quand on sait que les familles royales avaient tendance à se marier entre membres de la même famille, l'affaire pourrait sembler logique. Après tout, il y avait plus de degré de séparation entre Henriette-Anne d'Angleterre et Louis XIV qu'entre le roi et sa femme. Toutefois, l'histoire semble avoir oublié un aspect très important de la psychologie de la dynamique familiale de l'époque: la religion.
Effectivement, si la religion catholique ne voyait aucun problème à lier deux cousins par le mariage, il faut comprendre que le sens du noyau familial était très large à l'époque. Ainsi, ce que le XXe siècle considère comme le noyau familial (parents, frères et soeurs) était beaucoup plus étendu à l'époque. Pour Louis XIV, lorsqu'Henriette-Anne épouse son frère, elle ne devient pas sa "belle-soeur", mais bien sa soeur. Et la religion catholique est très stricte à considérer que l'inceste entre frères et soeurs est un péché mortel qui sera puni par la damnation éternelle. Et, bien que Louis XIV ait commis à plusieurs reprises le péché d'adultère, il était trop pieux pour risquer son âme dans une telle affaire.
Toutefois, la cour ne se donnait probablement pas la peine de vérifier les ragots et colportait donc des nouvelles dangereuses pour l'âme du roi. Après une rencontre au sommet, Henriette-Anne et Louis XIV ont décidé du stratagème suivant: il fallait montrer que le roi ne venait pas voir Henriette-Anne lorsqu'il allait dans ses appartements, mais plutôt ses demoiselles d'honneur. Et comme la petite Louise de la Vallière était plutôt jolie, il fût décidé que le roi devait lui montrer de l'intérêt.
Louis XIV commence donc à montrer son intérêt à Louise de la Vallière, qui est ravie puisqu'elle est secrètement amoureuse du roi. Toutefois, le récent mariage du roi à Marie-Thérèse d'Autriche, et l'intérêt marqué d'Anne d'Autriche, qui désapprouve la nouvelle relation de son fils par crainte pour le salut de son âme, pousse le roi et sa nouvelle favorite à être discret sur leur relation, ce qui, bien entendu, n'empêche pas la cour de potiner sur le sujet de l'heure. Louise de la Vallière s'accommode cependant bien de cette relation, car elle est discrète de nature.
Toutefois, la mort de la reine mère, en 1666, le roi décide de rendre leur relation publique et, quelques semaines après la mort d'Anne d'Autriche, Louise de la Vallière assiste à la messe à côté de l'épouse de Louis XIV. Profondément pieuse et respectueuse de sa souveraine, la jeune fille est mal à l'aise (ce qui est compréhensible, à mon humble avis) et honteuse. La reine gardera une forte animosité contre Louise de la Vallière, même après la chute de celle-ci, car la reine ne sera pas mise au courant que son mari à changer de maîtresse.
Entre 1663 et 1667, la Duchesse de la Vallière aura quatre enfants du roi, dont les deux derniers seront légitimés.
C'est également durant cette période que le roi débutera sa relation avec une nouvelle maîtresse, la marquise de Montespan. Les historiens font généralement débuter cette nouvelle relation en 1667, durant la campagne de France. Les deux maîtresses cohabitent durant un certain temps, avant que Louise de la Vallière, prise d'une maladie qui lui fait voir la mort de près (on pense aujourd'hui qu'il s'agit d'une fausse couche) ne décide de se tourner vers la religion. Après l'intervention du parti dévot (qui voulait faire cesser à Louis XIV ses relations extraconjugales afin de garder l'appui du pape et, surtout, de sauver l'âme de leur souverain), elle décide de se retirer de la cour et d'entrer au couvent.
Elle arrête son choix sur le couvent des Grandes-Carmélites, reconnu pour sa sévérité. Malgré les demandes du roi et l'intervention de Madame de Montespan, la favorite déchue refuse un couvent moins sévère. Elle fait également scandale en insistant pour faire des excuses publiques à la reine.
Elle prendra le nom de Louise de la Miséricorde, et écrira notamment Réflexions sur la Miséricorde de Dieu. Cette nouvelle fonction ne l'empêche pas de recevoir des visiteurs de marque, notamment la reine, Bossuet (membre du parti dévot qui lui avait conseillé de se retirer de la cour), Madame de Sévigné et la seconde épouse de Monsieur, la princesse palatine Charlotte-Élizabeth.
Elle mourut en 1710. Malgré les scandales qui ont marqué sa vie à Versailles, le fait qu'elle n'ait jamais chercher à tirer profit de sa relation avec le roi, contrairement aux autres maîtresses de celui-ci, a laissé aux mémorialistes de l'époque un bon souvenir de la jeune femme.
Vous êtes fascinés par Louise de la Vallière? Vous vous dites "Enfin! Quelqu'un qui ne fait pas de magouille à Versailles!"? Et bien, voici quelques façons d'en apprendre plus sur elle!
Sa vraie vie. L'excellent livre d'Antonia Fraser Love and Louis XIV: The Women in the Life of The Sun King (qui vient d'être publié en français également) consacre plusieurs chapitres à la favorite. Vous pouvez également jeter un oeil au chapitre qui lui est consacré dans le livre Reines et favorites de France, publié chez Larousse dans la collection "Les documents de l'histoire", et qui est d'un visuel épatant.
Des romans. Avis à tous les amateurs de romans de cape et d'épée: l'inimitable Alexandre Dumas a fait de Louise de la Vallière un des personnages centraux de son roman Le vicomte de Bragelonne, le troisième opus de sa série Les trois mousquetaires. Toutefois, le film L'homme au masque de fer, sorti en 1998 et inspiré du roman, ne fait pas mention de la favorite.
Dans la vie de tous les jours. Louise de la Vallière, de son temps, était célèbre pour une cravate qu'elle portait en forme de boucle, et qui a dorénavant pris son nom (une lavallière). La cravate est maintenant d'avantage portée par les hommes, et vous pouvez apprendre à faire le noeud dans le vidéo suivant: http://www.youtube.com/watch?v=q6wkyBsVnS0&feature=related
Des films. Secret d'Histoire, ma source intarissable de documentaires historiques, a consacré un épisode aux maitresses de Louis XIV et Louis XV intitulé "Elles ont régné sur Versailles". Cet épisode spécial, d'une grande qualité, est disponible à l'adresse suivante: http://www.dailymotion.com/playlist/x1hhoi_ValeriePotvin_secret-d-histoire-2008-08-21#videoId=xabwxe
En parallèle. Comme Louis XIV a dédié à Louise de la Vallière les fêtes des Plaisirs de l'Isle Enchantée en mai 1664 (c'était la première fête donnée au château de Versailles), peut-être serez-vous intéressés à regarder le film Le roi danse, qui raconte l'amour de Louis XIV pour la danse et son amitié avec le compositeur Lully. C'est aussi une belle façon de découvrir le classicisme français en opposition au baroque des pays protestants. Je n'ai pas encore eu le temps de le regarder, mais on m'a assuré qu'il était excellent. Vous pouvez trouver le film à l'adresse suivante: http://www.youtube.com/watch?v=mkMMNq7r2Zo&feature=&p=755B1B859A443A45&index=0&playnext=1
En ligne. Ne vous gênez pas pour aller jeter un coup d'oeil à mon étagère sur Google Books qui est consacrée à Louise de la Vallière! http://books.google.ca/books?uid=5193644990311896005&as_coll=1019&hl=fr&source=gbs_lp_bookshelf_list
Si vous avez des anecdotes sur Louise de la Vallière ou les fêtes des Plaisirs de l'Isle Enchantée, ou si j'ai oublié un pan important de sa vie, ne vous gênez surtout pas pour m'en faire part dans les commentaires!
Et surtout... JOYEUX NOËL MAMIE LOUISE!!!!
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