samedi 20 novembre 2010

Palais Garnier

Ah! Le premier article en réponse à un défi. Donc, très chère narc0leptique, le voici, cet article sur l'Opéra Garnier.

Tout d'abord, vantons-nous un peu: la photo a été prise par la même narc0leptic lors de notre voyage en France. Bravo très chère (et merci de me la laisser mettre sur le blog surtout!)!!

Commençons par le commencement: pourquoi y a-t-il un Opéra Garnier à Paris?

Et bien, il faut se placer dans le contexte de l'époque. Napoléon III débute son règne en 1852 (l'empereur fera d'ailleurs l'objet d'un article très bientôt sur le blog). Le 14 janvier 1858, en traversant la rue Le Peletier pour se rendre à l'opéra, il est victime d'un attentat dirigé par l'italien Felice Orsini. Napoléon III a peur, mais ni lui, ni son épouse, l'impératrice Eugénie, ne sont touchés. Suite à cet attentat, l'empereur ordonne la construction d'un nouvel opéra, ce qui lui éviterait de passer par des petites rues.

On donne la construction de l'Opéra à Charles Garnier à la suite d'un concours. Garnier est Premier Grand Prix de Rome en 1848. En plus de l'opéra qui porte son nom, on lui doit notamment le casino de Monaco et le monument funéraire de Jacques Offenbach.

Garnier commence donc la construction de l'Opéra, qui s'étalera de 1861 à 1875 (inauguration officielle). L'Opéra présente le style du Second Empire. D'ailleurs, une anecdote cocasse de l'Opéra vient de ce style. Alors qu'elle regardait les plans de Garnier, l'impératrice Eugénie (qui lui était défavorable) s'exclame: « Quel est donc ce style ?. Ce n'est pas du grec, ni du Louis XV, ni du Louis XVI ! ». Ces styles étaient, à l'époque, les seuls "vrais" style en architecture. Garnier, c'est le cas de le dire, lui cloue le clapet en lui disant: « C'est du Napoléon III et vous vous plaignez ! ». Napoléon régla le conflit en prenant Garnier à part et en affirmant, en toute modestie: « Ne vous en faites pas, elle n'y connaît rien ! ». Gageons que, ce soir-là, le couple impérial a eu une bonne discussion sur le soutien mutuel!

Donc voilà! On construit l'opéra, qui ne sera inauguré qu'en 1875. Plusieurs places sont à voir dans ce monumental monument, que ce soit pour les anecdotes qu'ils renferment ou tout simplement pour leur beauté, notamment:

  • Le Grand Escalier (voir photo): Les escaliers sont carrément somptueux.  N'oubliez pas que, à l'époque, vous ne payez pas pour aller écouter la pièce qui est jouée: vous payez pour vous montrer, et assister à la création même des futurs potins du tout Paris. Donc, vous vous montrez à l'Opéra en vous habillant. Charles Garnier avait prévu le coup dans les escaliers, qui présentaient tout de même quelques défis. Il devait notamment trouvé la bonne hauteur pour les marches, afin que les femmes n'aient pas à relever leurs jupes en les montant (l'apparition d'une cheville aurait fait scandale), mais pour que, au contraire, les traines des robes tombent doucement sur les marches. L'effet devait être magnifique, et le coin est toujours une excellente option pour prendre quelques clichés.
  • La Salle d'Opéra: Tout d'abord, lever les yeux (pas maintenant, quand vous y serez). Le plafond a été peint par Chagall, avec toute la couleur qui lui est caractéristique. Ensuite, de chaque côté de la scène se trouve la loge de l'Empereur et celle de l'Impératrice, qui assistaient à l'Opéra séparément. Si vous remarquez bien, vous pouvez les distinguer l'une de l'autre avec ce petit truc: les côtés de leurs loges sont décorés de nymphes; celles de la loge de l'Impératrice ont la poitrine dénudée (car l'Empereur les regardaient, et que l'Impératrice ne les auraient théoriquement pas vues) et celles de la loge de l'Empereur sont habillés.
  • Le Grand Foyer: Il faut se rappeler qu'à l'époque, les pièces commencent à avoir des entractes. Lorsque celui-ci commence, les hommes se retirent, alors que les femmes se reçoivent entre elles dans les loges. Donc, il faut trouver une place aux hommes. Ils se retrouvent donc dans le Grand Foyer, inspiré de la Gallerie des Glaces de Versailles, et seuls les hommes y sont admis.... jusqu'à ce que la reine d'Espagne décide qu'elle veuille le voir. Et comme on ne refuse rien à une reine, les femmes ont ensuite pu le visiter.
Mais si toutes les femmes étaient dans des loges qui n'étaient pas les leurs, et si les hommes étaient à des dizaines de mètres de la salle à parler, comment faisait-on pour se retrouver sur son siège pour la deuxième partie de la représentation?

Tout d'abord, oublions le traditionnel "Flash tes lumières": l'électricité n'apparaît qu'en 1881 à l'Opéra, et je suis prête à parier qu'aucun employé n'aurait été ravi d'éteindre TOUTES les chandelles pour les rallumer TOUTES ensuite. En fait, la solution est très simple si vous écouter ce morceau: http://www.youtube.com/watch?v=g0WRJES4cyw (pour ceux qui ne veulent pas l'écouter ou qui auraient le titre sur le bout de la langue sans le savoir, c'est Orphée aux Enfers, d'Offenbach).

Donc, en gros, l'Opéra contenait un morceau bruyant et rapide, pour qu'on l'entende de partout dans l'Opéra. C'était le signal pour retourner à vos sièges, et, même s'ils sont davantage connus que le reste des opéras aujourd'hui, il faut se rappeler que les gens se fichaient bien de manquer ou non un morceau, puisque la musique était secondaire dans leur sortie.

L'article vous a passionné? Vous trouvez que les gens avaient des drôles d'habitudes pour leurs sorties du samedi soir durant le Second Empire? Vous voudriez poursuivre vos recherches?

Des romans et des films. Le célèbre Fantôme de l'Opéra, écrit en 1910 par Gaston Leroux et adapté à Broadway et au cinéma de multiples fois, traite de la légende voulant qu'un lac soit enfoui sous l'Opéra Garnier. Avis aux amateurs.

En ligne. Comme d'habitude, une étagère de ma bibliothèque Google Books a été consacrée à l'Opéra Garnier et à l'opéra en général. http://books.google.ca/books?uid=5193644990311896005&as_coll=1012&hl=fr&source=gbs_lp_bookshelf_list

Des commentaires? Des pièces d'opéra à suggérer? Laissez-vous aller!

Des vieux bouts de papiers...

Vous aimez la géographie et l'histoire? Peut-être aimerez vous ce diaporama créer par l'Internaute (et oui, encore eux, mais que voulez-vous...) qui présente de vieilles cartes et gravures de Paris, allant de l'époque gallo-romaine où la ville Lumière s'appelait encore Luthèce, jusqu'au Second Empire de Napoléon III et des travaux d'Haussmann.

Le lien est ici: http://www.linternaute.com/actualite/magazine/vieux-plan-paris/?f_id_newsletter=3951&utm_source=benchmail&utm_medium=ML204&utm_campaign=E10184725&f_u=5469145

P.S. N'oubliez pas: les cartes rassemblez ici sont vieilles et ne sont donc plus d'actualités. ne vous fiez pas à elles si vous allez visiter Paris (à moins, bien sûr, que vous ne soyez pas assez orgueilleux pour demander votre chemin aux Parisiens)

vendredi 19 novembre 2010

Louis-Philippe Ier

Voici un article bien spécial: le 18 novembre est la fête de mon petit frère. Comme cadeau de fête, il a droit à un article sur le blog. Radine, direz-vous de moi? Peut-être que oui, peut-être que non: on me répète depuis des années que les vrais cadeaux sont ceux dans lequel on a investi notre temps plutôt que notre argent. Reste plus qu'à savoir si c'est vrai...

Donc, vous l'aurez deviné, mon frère s'appelle Louis-Philippe, et je consacrerai donc cet article au roi Louis-Philippe Ier (et si mon frère se met à penser qu'il peut contrôler la télécommande parce qu'il porte le nom d'un roi, et bien, il se met le doigt dans l'oeil).

Je vous arrête tout de suite: ne cherchez pas où se trouve Louis-Philippe dans votre chronologie des rois de France AVANT la Révolution. Il faut le chercher après la Restauration.

La Restauration? Je vous entends d'ici: ils n'avaient pas assez de Louis avant Louis XVI, il fallait qu'ils en rajoutent d'autres? Et puis, pourquoi vos profs d'Histoire vous disent-ils que Louis XVI est le dernier roi de France s'il y en a eu d'autres après lui? Maintenant, suivez-moi, et jouons un peu sur les mots.
  • Louis XVI convoque les États Généraux en mai 1789 pour discuter de la levée des impôts pour vaincre le gouffre financier dans lequel il s'est mis. Le Tiers-États, constitué de la bourgeoisie et des paysans, est absolument contre cette levée, parce que, après tout, l'Église et la noblesse ne paient pas de taxes, donc ça ne les dérange pas qu'on taxe encore plus les plus pauvres. Ils constituent une assemblée nationale sur le jeu de paume de Versailles (l'ancêtre de notre tennis moderne) et prêtent serment de ne pas quitter le terrain tant qu'ils ne seront pas reconnu par le roi. Louis XVI est embêté, et reconnaît l'assemblée. La France devient donc une monarchie constitutionnelle.
  • En acceptant l'assemblée nationale, Louis XVI prend alors le titre de roi des Français et abandonne le traditionnel titre de roi de France, ce qui rend l'Assemblée très contente. Pourquoi être aussi à cheval sur les mots? Et bien, en étant roi des FRANÇAIS, Louis XVI s'engage ainsi à assurer le bien-être de son peuple. Les français deviennent donc CITOYENS, et non plus SUJETS du roi, et n'est plus en charge d'agrandir la France.
  • Mais, on coupe la tête de Louis XVI. Alors, que se passe-t-il après?
  • On a la Révolution française. Là, ça devient compliqué.
    • Entre 1793 (exécution du roi) et 1795, se succèdent les conventions girondine, montagnarde et thermidorienne, dépendant de quel groupe politique est au pouvoir.
    • Puis, de 1795 à 1799, il y a le Directoire.
    • Et enfin, de 1799 à 1804, Napoléon Bonaparte gère le Consulat.
  • De 1804 à 1815, Napoléon Ier (fait Consul à vie en 1802) est Empereur des Français.
  • Après que Napoléon ait été exilé une première fois en 1814, mais il revient de sa petite île d'Elbe pour cent jours avant d'être finalement envoyé à l'île Ste-Hélène.
À ce moment, l'Europe en a un peu raz le ponpon de Napoléon et de tous ces Français qui osent vivre sans monarchie (n'oubliez pas qu'à l'époque, toute l'Europe est encore dirigée par des princes, même l'Angleterre qui a une monarchie constitutionelle. Alors, tout le monde se réunit à Vienne en 1815 et décide de remettre le roi "légitime" sur le trône de France. Ce nouveau roi est Louis XVIII. Rassurez-vous: il est tout à fait normal que vous n'ayez jamais entendu parlé de Louis XVII, car il s'agit en fait du fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, que Louis XVIII (le frère de Louis XVI, aussi connu sous le nom de Comte de Provence) avait reconnu comme roi de France à la mort de son père.

Donc, Louis XVIII monte sur le trône de 1815 jusqu'à sa mort en 1824. Comme il n'a pas d'enfant, il passe la couronne à son frère, Charles X. Celui-ci est un pieux catholique alors que le peuple est anticlérical, et il fait des réformes anticonstitutionnelles, ce qui dérange un peu. Le peuple se révolte alors, provoquant ainsi les "Trois Glorieuses", qui mèneront à la Monarchie de Juillet.

Qu'est-ce que la Monarchie de Juillet? Et bien, en gros, après que le peuple se soit révolté contre Charles X qui abdique début août, il choisit Louis-Philippe pour Lieutenant-Général du Royaume. Pourquoi est-il si populaire, et pourquoi est-il "légitime" pour lui de monter sur le trône.
  • Tout d'abord, il y a sa famille. Il est le fils de Philippe Égalité, figure bien connue de la Révolution. Qui est ce Philippe Égalité? C'est un distant cousin de Louis XVI, qui a voté pour la mort de celui-ci (essentiellement parce qu'il voulait essayer de prendre le trône, mais sur le coup, les gens ont davantage vu ça comme "chouette! même la royauté aime notre Révolution!"). Mais comme c'était un Bourbon, il a été guillotiné en 1793, durant la Terreur.
  • Ensuite, il y a ces ancêtres: Louis-Philippe est un descendant de Monsieur, frère de Louis XIV, et de sa seconde épouse, Élisabeth Charlotte de Palatinat.
  • Il est partisan de la monarchie, mais a des tendances (du moins au début de son règne) à une monarchie constitutionelle, mais ne jette pas tout de la Révolution française.
Donc, Louis-Philippe est à la fois aimé du peuple et de l'élite. Mais qui est-il?

Louis-Philippe d'Orléans (1773-1850) est né à Paris et porte le nom de Duc de Valois. Sous la Révolution, influencé par sa gouvernante (et, accessoirement, la maîtresse de son père) Madame de Genlis, il joint les Jacobins. Ceux-ci supportèrent la monarchie jusqu'à la République, et ce fut d'ailleurs ce qui leur coûta leurs têtes. En 1793, Louis-Philippe fuit en Autriche, puis aux États-Unis (il vivra d'ailleurs quatre ans à Philadelphie). Il revient en Europe en 1800: il s'installe en Angleterre jusqu'à la chute de Napoléon. C'est d'ailleurs là qu'il épousera Marie-Amélie de Naples et de Sicile.

Alors qu'il est en exil en Angleterre, il rencontre Louis XVIII, et réconcilie les deux branches des Bourbons (Philippe Égalité avait été exilé de la cour sous Louis XVI). Il revient en France sous le règne de son cousin, même s'il entretenait des liens beaucoup plus amicaux avec le frère de celui-ci, Charles X. Toutefois, Louis-Philippe s'opposent aux politiques des ministres de Charles X, causant ainsi le roi à le considérer comme un ennemi de la stabilité politique de son gouvernement.

Mais les Trois Glorieuses éclatent en juillet 1830. Charles X abdique en faveur de son fils et nomme Louis-Philippe Lieutenant Général du Royaume, ce qui fait de lui le régent. Toutefois, on vote bientôt pour qu'il prenne le titre de roi.

Il s'occupe d'abord de se placer les pieds dans les monarchies internationales, question de se légitimer. Il donne ainsi sa fille Louise-Marie comme épouse à Léopold Ier de Belgique. Les nouveaux époux ont 22 ans de différence. Avant son mariage, la jeune fille l'avait vu enfant, et avait gardé de lui le souvenir d'un homme froid et morose. Toutefois, le roi la considère comme une amie chère et passe ses soirées chez elle, pour qu'elle lui lise des livres récents.

En 1838, il envoie des troupes au Mexique. Cette invasion est appelée la "Guerre des pâtisserie", car elle commença... à cause d'un pâtissier. Je m'explique: en 1838, cela fait plus de quinze ans que la Guerre d'Indépendance du Mexique est terminée, mais les Américains commencent à envahir les territoires du nord, causant de nombreux dommages matériels. Un pâtissier français, qui avait vu sa boutique détruite, demande à Louis-Philippe des dédommagements. Celui-ci écrit au gouvernement mexicain pour obtenir un dédommagement de 600 000 pesos. Le paiement de vient pas, et Louis-Philippe utilise cet argument pour entrer en guerre.

Outre ses évènements, Louis-Philippe est également connu pour ses tentatives de rapprochement entre la France et l'Angleterre. La reine Victoria est reçue à deux reprises au Château d'Eu (la résidence officielle de Louis-Philippe) et il séjourne à Windsor en 1844.

Il vit une vie de bourgeois, évitant le train de vie spectaculaire de ses prédecesseurs, ce qui lui value le soutien de la haute bourgeoisie. Toutefois, comme il vieillissait, son gouvernement devenait de plus en plus monarchique et conservateur. La pauvreté devenait de plus en plus marquante, et l'écart entre la bourgeoisie et les classes ouvrières s'accentuait. Une crise économique éclata en 1847, ce qui causa le Printemps des peuples de 1848 (une révolution nationaliste à l'échelle européenne), forçant ainsi Louis-Philippe à abdiquer.

Il retourne alors en Angleterre avec sa famille. Il mourra dans le Surrey, en 1850.

Louis-Philippe Ier vous intéresse? Vous avez envie d'en savoir plus sur lui?

En ligne. Comme d'habitude, une étagère sur Louis-Philippe a été faite sur ma bibliothèque Google Books. Libre à vous d'aller y faire un tour. http://books.google.ca/books?uid=5193644990311896005&as_coll=1013&hl=fr&source=gbs_lp_bookshelf_list

Malheureusement, très peu de chose ont été faites sur son règne.

Vous pouvez bien sûr vous référez à la célèbre toile d'Eugène Delacroix La Liberté guidant le peuple (1831) pour voir de quoi avait l'air les Trois Glorieuses http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Libert%C3%A9_guidant_le_peuple  Du côté littéraire, Les Misérables de Victor Hugo traite de la même période.

Si vous connaissez des films, livres, documentaires, etc. sur la période, n'hésitez surtout pas à m'en faire part!

Et encore une fois, BONNE FÊTE À MON PETIT FRÈRE ADORÉ!!!!!

mercredi 17 novembre 2010

Édith Piaf

Il y a quelques mois déjà, j'ai assisté à un spectacle de chant dans lequel on jouait la chanson de Marie Carmen Piaf chanterait du rock (texte de Luc Plamondon et musique de Germain Gauthier). Mon oreille a failli tomber en hystérie quand j'ai entendu les paroles suivantes:

Piaf chanterait du rock
Elle serait elle aussi
Sous le choc de la musique rock

Ces paroles m'ont choqué. Peut-être me direz-vous qu'il n'y a rien de choquant là-dedans, mais voilà, Plamondon a fait une erreur: ce n'est pas Piaf qui serait sous le choc de la musique rock, mais bien au contraire le rock qui serait sous le choc de la grande Édith Piaf.

Édith Giovanna Gassion est née à Paris en 1915 et est morte à Grasse en 1963. Sa mère, une française d'origine italienne, est chanteuse, et son père, qui est né dans le Calvados, est un contortionniste.

Son prénom fait référence à celui d'Édith Cavell. Cavell était une infirmière anglaise vivant à Bruxelles (Belgique), qui s'était faite fusiller par l'armée allemande quelques mois avant la naissance de Piaf car elle faisait passé des militaires belges blessés aux Pays-Bas neutres.

Bref, lorsque Piaf nait, ses parents ne peuvent pas s'occuper d'elle (son père est dans l'armée, et sa mère est trop pauvre). On l'envoie donc chez sa grand-mère maternelle. Celle-ci, selon la légende, lui fait des biberons de vin rouge pour la calmer, et la laisse dans une saleté sans nom. Lorsque la petite Édith est âgée de 18 mois, son père (ou sa tante Zéphora selon les versions) vient la chercher et va la porter chez sa grand-mère paternelle, qui vit en Normandie et qui tient... une maison close.

Qu'à cela ne tienne! Piaf semble plutôt bien s'accomoder de son nouveau milieu de vie: les prostituées la choie, elle mange à sa faim et est bien habillée. Seul ennui: à l'âge de sept ou huit ans, elle perd la vue. Sa grand-mère entend parler de miracle arrivant sur la tombe de Thérèse Martin, et hop! elle embarque ses "filles" et sa petite-fille dans un train et se rend sur la tombe.

Thérèse Martin est la seconde sainte protectrice de la France (après Jeanne d'Arc). Après sa mort de la tuberculose en 1897 (elle était âgée de 24 ans), on commence à publier des écrits de cette jeune carmélite, qui sont à l'origine de tout un mouvement religieux appelé "la petite voix", qui prèche la recherche de la sainteté par les petits gestes du quotidien accomplis avec la foi en Dieu plutôt que dans les grandes actions.

Bref, Édith et ses "tantes" vont sur la tombe de Sainte Thérèse, prient, prennent un peu de terre et reviennent à la maison. Puis, on applique la terre sur les yeux de la fillette, et huit jours plus tard, la petite Édith retrouve la vue. De cette aventure, Piaf gardera une dévotion à Sainte Thérèse toute sa vie durant.

Mais les jours heureux de la maison close sont bientôt derrière elle. En 1922, son père revient la prendre, et elle mène avec lui une vie d'artiste dans les cirques ambulants, puis d'artistes de rue.

En 1930, elle cesse de chanter avec son père et commence à chanter avec Simone Berteaut, qui deviendra son amie. Elle est alors âgée de 14 ans. Trois ans plus tard, elle aura une fille avec Louis Dupont. L'enfant, prénommée Marcelle, mourra deux ans plus tard, probablement d'une méningite.

C'est en 1935 que Louis Leplée la découvrira et la surnommera "La Môme Piaf". Piaf est le mot populaire pour désigner un moineau, mais "La môme Moineau" était déjà pris. Leplée la présentera au compositeur Raymond Asso et à Marguerite Monnot, compositrice et pianiste qui deviendra son amie jusqu'à la toute fin.

C'est en 1936 qu'elle nous livre son premier album, "Les Mômes de la cloche". En avril de la même année, Leplé est assassiné chez lui. On découvre qu'il faisait parti de réseaux de banditisme de Pigalle, et on soupçonne Piaf (ou du moins, les médias laissent-ils entendre qu'il la soupçonne). Toutefois, forte du succès critique et populaire de son premier album, elle continue dans les cabarets.

En 1937, elle chante l'actualité coloniale en reprenant "Mon Légionnaire" et "Le fanion de la légion" (vous pouvez les entendre en cliquant sur les deux liens suivants: pour mon légionnaire (http://www.youtube.com/watch?v=Oueuo6tn3jI) et pour "Le fanion de la légion" (http://www.youtube.com/watch?v=IWvJwYWxJEs)). La même année, elle commence sa carrière de music-hall. En 1940, elle joue dans la pièce "Le Bel Indifférent" de Jean Cocteau, qu'il a écrit pour elle. Elle partage la vedette avec son amant du moment, Paul Meurisse. Toujours accompagné de celui-ci, elle jouera dans "Montmartre-sur-Seine" de Georges Lacombe l'année suivante.

Ce qui est méconnu, toutefois, c'est la place de Piaf durant l'Occupation allemande. Car comment une chanteuse (qui, avouons-le, n'a rien des pin-up américaines) pourrait-elle faire partie de la Résistance en chantant ses chansons d'amour? Et bien, en posant la question, on répond: Édith Piaf, en chantant, encourageait les résistants en chantant, présentant la Résistance sous les traits d'un amant (par exemple, la chanson "Tu es partout" (http://www.youtube.com/watch?v=RcXn9gHIkqM -- et que l'on entend notamment dans le film "Il faut sauver le soldat Ryan").

C'est également durant la guerre, en 1944, qu'elle perdra son père (puis sa mère en 1945). La même année, elle se produira au Moulin Rouge et rencontrera Yves Montand, qui assure la première partie de son spectacle. Ils deviendront amants (ils se quittent en 1946), et Piaf lancera sa carìère. L'année suivante, elle enregistre La vie en rose (http://www.youtube.com/watch?v=rKgcKYTStMc). Puis, en 1946, elle découvre Les Compagnons de la Chanson (Les trois cloches -- http://www.dailymotion.com/video/x1q33m_edith-piaf-les-trois-cloches_music) et part en 1947 faire une tournée aux États-Unis.

C'est là, en 1948, qu'elle rencontre Marcel Cerdan, champion du monde de boxe. Celui-ci meurt tragiquement dans un accident d'avion aux Açores, dans un vol Paris-New York, alors qu'il venait la rejoindre. C'est à cette époque que Piaf commence à prendre de fortes doses de morphines pour calmer sa polyarthrite aiguë. En sa mémoire, elle chantera L'Hymne à l'amour (http://www.youtube.com/watch?v=1gTGmbA40ZQ) et Mon Dieu (http://www.youtube.com/watch?v=X5GclOYR07s).

En 1951, Charles Aznavour devient son homme à tout faire. Il lui écrira notamment Jezebel (http://www.youtube.com/watch?v=gxjzc5wn9IE) et Plus bleu que tes yeux (http://www.youtube.com/watch?v=yrVZvyXLQKI). Puis, après son mariage avec Jacques Pills (entre 1952 et 1956), elle fréquente Georges Moustaki, qui lui écrit Milord (http://www.dailymotion.com/video/xjsc4_edith-piaf-milord_news). C'est avec lui qu'elle aura un grave accident de voiture en 1958, augmentant sa dépendance à la morphine.

En 1959, elle fait une chute sur scène à New York et subit plusieurs opérations. Elle revient à Paris. Là, Claude Léveillée lui composera deux chansons, Les vieux pianos (http://www.youtube.com/watch?v=_Fdr0s_Fp4k) et Boulevard du Crime (http://www.youtube.com/watch?v=R8Jn-9y4_cM&playnext=1&list=PL9CCE60CA158E9C3A&index=8). En 1961, elle sauve l'Olympia de la faillite (même si sa performance ce soir-là n'a pu se faire qu'après l'injection de fortes doses de morphine). Elle y interprète Non, je ne regrette rien (http://www.dailymotion.com/video/xcxc8x_edith-piaf-y-non-je-ne-regrette-rie_music). En 1963, elle épouse Théo Sarapo, avec qui elle interprète À quoi ça sert l'amour? (http://www.dailymotion.com/video/x4j49j_edith-piaf-theo-sarapo-ca-sert-a-qu_music).

Sa dernière chanson, L'Homme de Berlin (http://www.youtube.com/watch?v=460wnNCb9qc), est enregistrée en 1963. Elle meurt d'un anévrisme le 10 octobre de la même année, à Plascassier, et est enterrée au cimetière du Père-Lachaise.

Malgré sa dévotion à Sainte Thérèse et sa foi, elle ne peut avoir des obsèques religieuse puisqu'elle est divorcée et qu'elle a vécue sa vie "en état de péché public" selon L'Osservatore Romano.


Piaf vous passionne autant que moi? Vous aimeriez en savoir plus sur elle, question de me coincer sur une question piège pour que j'arrête d'en parler?

Sa vraie vie. La vie de Piaf est encore cent fois plus fascinante quand on la lit dans une biographie plutôt que sur mon blog! Si si, je vous le dit! Les biographies sur Piaf abondent, votre bibliothèque locale en a probablement quelques unes à vous proposer. Vous en connaissez? N'hésitez pas à nous les suggérer!

Des films. Piaf a fait des dizaines de films, notamment une apparition dans Si Versailles m'était conté... de Sacha Guitry, pratiquement introuvable au Québec! Le film sur sa vie intitulé La Môme (renommé La vie en rose hors de la France) est géniallissime.

Des documentaires. Historia lui a consacré un épisode de sa série Biography. À voir si vous vous débrouiller en anglais (ou que vous êtes capable de lire les sous-titres en russe). Voici le lien: http://www.youtube.com/watch?v=ue1pRDnVRqg&feature=&p=85CD8B586219F1B7&index=0&playnext=1

En parallèle. Vous voulez en apprendre plus sur l'histoire d'amour entre Édith Piaf et Marcel Cerdan? Je vous conseille Piaf-Cerdan, un hymne à l'amour, de Patrick Mahé et Dominique Grimault.

En ligne. Vous trouverez, comme d'habitude, une étagère de ma bibliothèque Google Books sur Piaf et la chanson française en général à l'adresse suivante: http://www.google.com/books?uid=5193644990311896005&as_coll=1011&hl=fr&source=gbs_lp_bookshelf_list Des playlists Dailymotion et YouTube ont également été créée pour que vous puissiez entendre la puissance des chansons de Piaf: http://www.youtube.com/watch?v=n2s2tPORlW4&feature=&p=09EA3BA8D4C66183&index=0&playnext=1 et http://www.dailymotion.com/playlist/x1ggcd_ValeriePotvin_chansons-d-edith-piaf#videoId=x25ige

J'ai omis un évènement important de la vie de Piaf? Vous voulez me partager vos souvenirs qui lui sont rattachés? Me donner encore plus de lecture sur sa vie? N'hésitez pas à laisser un commentaire!

Découvrir la France et l'Histoire sans avoir à quitter son pyjama... c'est possible!

Bonjour à tous!

L'hiver approche à grand pas. Déjà que le temps pluvieux de novembre se fait sentir... Vous ne savez pas quoi faire et le mauvais temps vous force à rester à l'intérieur? Vous avez envie de prendre une journée de congé pour éviter d'affronter la pluie jusqu'à votre voiture? Vous avez le traditionnel rhume de fin d'automne et vous voulez rester emmitoufflé dans vos couvertures? Ou, plus simplement, vous avez juste envie d'écouter un bon film?

Et bien, la solution s'offre à vous dans le présent article. L'Internaute a dressé une liste de 60 films retraçant l'Histoire de la France. Pourquoi ne pas en apprendre plus sur le pays de nos ancêtres tout en mangeant un bon pop corn? Le lien est le suivant: http://www.linternaute.com/cinema/film/dossier/revisez-l-histoire-de-france-en-50-films/revisez-l-histoire-de-france-en-50-films-jeanne-d-arc.shtml?f_id_newsletter=3888&utm_source=benchmail&utm_medium=ML62&utm_campaign=E10184355&f_u=5469145

Mes préférés parmi ceux-là?
  • Molière: À voir absolument. Et en plus, c'est plus accessible que ses pièces. (en français avec sous-titre anglais -- http://www.youtube.com/watch?v=SUBY1v7NiZ0&feature=&p=A9A417D30072A8B6&index=0&playnext=1)
  • Il faut sauver le soldat Ryan: Si on passe le fait que c'est l'exaltation du nationalisme américain à l'état pur, la scène du débarquement est excellente. Et en plus, on entend Tu es partout, une chanson d'Édith Piaf sur la Résistance (chanteuse qui fera bientôt l'objet d'un article sur le blog). (en anglais -- http://www.youtube.com/watch?v=kx7dFp0WhN4&feature=&p=FCC55816BBC2CFC9&index=0&playnext=1)
  • Notre-Dame de Paris: Parce qu'il ne faut pas oublier que, bien que les chansons de Walt Disney sont absolument génialissime, dans la pièce de Hugo, Esméralda et Phoebus ne finissent pas ensemble. (en français -- http://www.youtube.com/watch?v=sX5lSMlCWQU&feature=&p=1D432E8FDE3AC278&index=0&playnext=1)
  • La reine Margot: parfois un peu flou dans ses liens entre les scènes, mais bon... Avis aux intéressés: Isabelle Adjani dans le rôle principal.
  • Le roi danse: sur Louis XIV et Versailles. Une belle démonstration de l'influence de Lully. La musique et les décors sont sublimes. (en français -- http://www.youtube.com/watch?v=mkMMNq7r2Zo&feature=&p=755B1B859A443A45&index=0&playnext=1)
  • Les liaisons dangereuses: d'abord un roman, puis un film américain. Montre la dégénération de la noblesse française durant le 18e siècle. Les costumes sont fabuleux, et la brochette d'acteurs est hallucinante. (en anglais -- http://www.youtube.com/watch?v=uLtw3udAeBE&feature=&p=102C1F21AAE24759&index=0&playnext=1)
  • Cyrano de Bergerac: pour se rappeler à quel point on a travaillé pour apprendre la tirade du nez par coeur dans nos cours de français (ou encore pour voir le film, tout dépendant de votre état de traumatisation) (http://www.dailymotion.com/playlist/x1go1l_ValeriePotvin_cyrano-de-bergerac#videoId=xay4mk)
  • Le parfum: comme un film ne transmet pas les odeurs, je conseille d'avantage le livre, qui représente mieux tous le dégoût que le Paris du XVIIIe siècle nous inspire.
  • Marie-Antoinette: On nous conseille celui de 2006. Personnellement, allez voir celui de 1938 (qui se trouve étrangement assez facilement, notamment à la Grande Bibliothèque pour ceux qui vivent près de Montréal).
  • Moulin Rouge: Ça ne ressemblait probablement pas à ça à l'époque (par exemple, les danseuses portaient des noms aussi séduisants que "La Goulue", alors on est loin du mystérieux "Satine" du film), mais vous n'avez qu'à vous dire que c'était probablement ce que les clients voyaient après quelques verres d'absinthe...
  • Un long dimanche de fiançailles: très bon film. Écoutez le si vous avez déjà quelques bases sur la Première Guerre mondiale. Présente un entre-deux guerres comme on la connait mal (après tout, si vous avez perdu la plus grande partie de votre famille dans le conflit, vous avez pas nécessairement envie de vous coltiner du charleston tout le temps nécessairement...)
Je vous conseille également La Révolution française (film français pour commémorer l'anniversaire de la Révolution, essentiellement historique, à ne pas voir si vous voulez vous amuser -- en français -- http://www.youtube.com/watch?v=taRBxR-fxq0&feature=&p=CB8F6DBF3DBEBC2C&index=0&playnext=1) et Joyeux Noël (dans mon top trois des meilleurs films que j'ai jamais vu).

Tous les liens suivants les films vous emmène vers une playlist YouTube ou Dailymotion que j'ai créé, et vous présente les films en entier (souvent en langue originale). Comme ça, vous aurez de quoi occuper vos vacances de Noël!

Vous avez des suggestions? Tout commentaire est le bienvenu, comme d'habitude!

Et sur ce, bon cinéma!

mardi 16 novembre 2010

Paris dans l'actualité

Bonjour à tous!

Paris fait une fois de plus la une de l'actualité internationale! Effectivement, UNESCO veut classer la gastronomie française comme patrimoine culturel mondial.

Pour en savoir plus sur le sujet et tâter le poul de la population sur cela, voici un article intéressant publié chez l'Internaute: http://www.linternaute.com/actualite/depeche/afp/442/718547/la_gastronomie_francaise_classee_au_patrimoine_mondial_de_l_unesco.shtml?utm_source=benchmail&utm_medium=ML73&utm_campaign=E10184289&f_u=5469145

C'est le cas de le dire: bonne bouffe!

lundi 15 novembre 2010

Ouverture du forum

Bonjour à tous!

Comme les plus observateurs d'entre vous l'auront remarqué, nous avons créé un onglet forum. Ce sera la façon la plus facile de nous rejoindre (avec les commentaires que vous laissez sur les articles, bien sûr!).

Le forum a pour principal objectif de VOUS faire travailler. Il a été créé pour que vous nous mettiez au "défi" d'écrire des articles sur des boutiques, restaurants, musées, personnages et autres marquant la vie actuelle et passée de Paris ou de la France.

Nous attendons vos défis!

Stéphanie et Valérie-Claude.