Bonjour à tous!
Pour ouvrir la section "À découvrir", voici un lien tout à fait intéressant, qui vous propose de découvrir Paris d'un tout autre oeil: http://voyage.ca.msn.com/galeriedephotos.aspx?cp-documentid=26267944&page=1
Si vous connaissez d'autres organismes du même genre, ou des petits musées méconnus, ne vous gênez surtout pas pour nous en faire part! Nous serons plus que ravies de leur consacrer un article!
Stéphanie et Valérie-Claude.
vendredi 12 novembre 2010
Envie de voir Paris d'un autre oeil?
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Découvertes
lundi 8 novembre 2010
La Première Guerre mondiale et le 11 novembre
Depuis deux semaines, les coquelicots commencent à fleurir nos collets. Mais que veut dire cette fleur? D'où vient-elle? Et surtout: on sait tous que c'est le jour du souvenir, mais... de quoi nous souvenons nous?
Tout d'abord, réglons la question du coquelicot, cette jolie fleur rouge. Le coquelicot est en fait ce que nous connaissons sous le nom de pavot. Ne partez pas en peur! Le pavot est légal (du moins, au Canada), et vous connaissez probablement quelques personnes qui en ont dans leur jardin. Ce qui est illégal, ce sont les graines de pavot, quand on les apprête pour en faire différentes drogues (à l'époque de la Grande Guerre, l'héroïne n'avait pas été inventée, mais on connaissait très bien l'opium, comme le démontre les fumeries qui fleurissaient un peu partout). La raison de son nom est fort simple: c'est une déviation du terme de l'ancien français cocorico (chant du coq), en référence à sa couleur similaire à celle du chef du poulailler.
Pourquoi portons-nous un coquelicot à notre collet le 11 novembre? Tout d'abord, simplifions les choses: le tout est un symbole du Commonwealth. Les Français, eux, utilisent les bleuets. Ensuite, deux origines sont présentée:
1. Le lieutenant-colonel canadien John McCrae, qui était du Corps de santé royal canadien, a écrit un poème en 1915, après avoir été témoin de la seconde bataille d'Ypres. Il y utilise le coquelicot comme allégorie. En voici un extrait (1):
In Flanders fields the poppies blow
(Dans les champs de Flandres, le coquelicot se balance)
Between the crosses, row on row
(Entre les croix, de rangées sur rangées)
That mark our place; and in the sky
(Qui marquent notre place; et dans les cieux)
The larks, still bravely singing, fly
(Les alouettes, chantant toujours avec courage, volent)
Scarce heard amid the guns below.
(Rarement entendues parmi les fusils qu'elles survollent.)
Tout d'abord, réglons la question du coquelicot, cette jolie fleur rouge. Le coquelicot est en fait ce que nous connaissons sous le nom de pavot. Ne partez pas en peur! Le pavot est légal (du moins, au Canada), et vous connaissez probablement quelques personnes qui en ont dans leur jardin. Ce qui est illégal, ce sont les graines de pavot, quand on les apprête pour en faire différentes drogues (à l'époque de la Grande Guerre, l'héroïne n'avait pas été inventée, mais on connaissait très bien l'opium, comme le démontre les fumeries qui fleurissaient un peu partout). La raison de son nom est fort simple: c'est une déviation du terme de l'ancien français cocorico (chant du coq), en référence à sa couleur similaire à celle du chef du poulailler.
Pourquoi portons-nous un coquelicot à notre collet le 11 novembre? Tout d'abord, simplifions les choses: le tout est un symbole du Commonwealth. Les Français, eux, utilisent les bleuets. Ensuite, deux origines sont présentée:
1. Le lieutenant-colonel canadien John McCrae, qui était du Corps de santé royal canadien, a écrit un poème en 1915, après avoir été témoin de la seconde bataille d'Ypres. Il y utilise le coquelicot comme allégorie. En voici un extrait (1):
In Flanders fields the poppies blow
(Dans les champs de Flandres, le coquelicot se balance)
Between the crosses, row on row
(Entre les croix, de rangées sur rangées)
That mark our place; and in the sky
(Qui marquent notre place; et dans les cieux)
The larks, still bravely singing, fly
(Les alouettes, chantant toujours avec courage, volent)
Scarce heard amid the guns below.
(Rarement entendues parmi les fusils qu'elles survollent.)
2. L'autre théorie est moins poétique. Les coquelicots poussaient sur les pires champs de bataille de la Somme et des Flandres. Les soldats auraient donc associé sa couleur rouge à celle du sang versé durant la guerre.
Mais maintenant, il faut se concentrer sur la vraie source du coquelicot: la Grande Guerre.
Cet article ne se veut pas un résumé de toutes les grandes batailles de la Première Guerre mondiale. Il n'est pas exaustif non plus: certains sujets ont délibérément été mis de côté. Les commentaires qu'il contient n'ont pas été écrits pour choquer, et nous vous prions d'accepter nos plus plates excuses s'ils vous offensent. Si vous souhaitez partager des évènements s'étant déroulés durant la guerre, ou commenter sur ceux mentionner dans l'article, ne vous gênez pas pour poster des commentaires.
La Première Guerre mondiale prend sa source aussi loin que durant la Commune de Paris. Car la France, en 1870, se bat sur deux fronts: Paris, et les petits états de l'ancien Empire romain germanique.
En 1870, l'Allemagne comme nous la connaissons actuellement, n'existent pas: il s'agit, en fait, de plus de deux cent petites principautés allemandes, toutes indépendantes les unes des autres. La plus grande de ses principautés est la Prusse, mais celle-ci est divisée en deux par plusieurs États. Une première tentative d'homogénisation est tentée en créant la Zollverein, une union douanière afin que des marchandises puissent passer d'une section de la Prusse à une autre sans avoir à payer une taxe sur TOUS les petits états traversés. Mais la véritable union se produit avec Otto von Bismarck. (2) Bismarck a pour but de former une Allemagne unie. Il met donc en branle le stratagème suivant:
- Il place toute son armée à la frontière avec l'Autriche de l'empereur François Joseph Ier (oui, c'est celui de Princesse Sissi). Puis, il écrit une lettre à l'empereur Napoléon III en France: il lui dit qu'il s'apprête à envahir l'Autriche, et que, si Napoléon III se sentait l'envie de conquérir quelques petits états allemands à la frontière de la France, Bismarck ne s'opposerait pas. Napoléon III, heureux de tout cela, réécrit à Bismarck pour lui dire combien l'idée l'enchante et que, c'est bien d'accord, il va conquérir les petits états.
- Cependant, l'armée prussienne est déjà au porte de l'Autriche. À l'époque, lever une armée prenait plusieurs semaines, sinon plusieurs mois. François-Joseph n'a pas le temps de lever une armée, et l'Autriche est vaincue en quelques semaines. Toutefois, l'empire austro-hongrois reste une puissance non-négligeable, et Bismarck ne veut pas s'en faire un ennemi, aussi signe-t-il un traité assurant à l'Autriche la protection de l'Allemagne si celle-ci est attaquée.
- Entre temps, ses troupes étant occupés avec la Commune, Napoléon III n'a pas eu le temps de lever une autre armée pour aller conquérir les petits états dont il était question plus tôt. Bismarck, lui, trouve tout le temps d'envoyer la lettre que Napoléon lui a renvoyer aux journaux. Les états allemands sont indignés: quoi? Ce faire conquérir? Hors de question! Bismarck arrive avec la proposition suivante: la Prusse est toute puissante, elle vient de vaincre l'empire autrichien. Pourquoi ne pas s'allier à elle et vaincre les Français. On trouve l'idée plutôt bonne, on s'allie, et le plan de Bismarck fonctionne. On signe le traité mettant fin aux guerre Franco-Prussienne de 1870 à Versailles. Les états allemands et la Prusse sortent grands gagnants. Bismarck propose alors de s'allier sur le plan constitutionnel: l'Allemagne naît en 1871 (ce que l'on connaît comme le Deuxième Reich est compris de cette date jusqu'en 1918).
- Et qu'est-ce que l'Allemagne gagne, lors de ce traité? Tout d'abord, l'Alsace-Lorraine (3). Mais pourquoi est-ce que tout le monde est intéressé par ce territoire? Tout d'abord, sa forte population. Et ensuite, ses richesses naturelles. De plus, l'Allemagne impose une somme absolument gigantesque aux Français pour les dommages causés durant la guerre, plus à titre d'humiliation qu'autres choses.
Les guerres franco-prusses de 1870-1871 sont donc le dernier grand conflit avant la Première guerre mondiale. Toutefois, ce n'est pas parce qu'on est en période de paix qu'on ne pense pas à la guerre. On crée de nouvelles armes. Mais on a pas d'occasion de les essayer. Et franchement, ça démange un peu de les tester.
Il y a aussi le problème des traités. Comme on l'a vu plus tôt, l'Allemagne défendera l'Autriche si elle est attaquée. Il y a aussi la France et l'Angleterre qui défenderont la Belgique. Et ça, c'est sans compter les colonies: l'Angleterre et la France se partage l'Afrique, avec ici et là des touches allemandes, portugaises, etc. L'Europe est en Asie (Vietnam, Inde, Hong Kong, etc.). Et enfin, il y a les colonies américaines: n'oublions pas que le Canada fait toujours partie du Commonwealth britannique, et que sa constitution ne lui a donné qu'une minime indépendance. Les États-Unis sont les seuls sur le continent américain qui entreront en guerre de leur propre gré.
Finalement, il y a les ambitions territoriales. L'empire d'Autriche-Hongrie, qui a déjà obtenu la Bosnie-Herzégovine, souhaite obtenir un accès à la Mer Noire. La Russie, qui ambitionne non seulement sur les Balkans, aimerait avoir un port donnant sur la Méditérannée en ayant les Détroits de Dardanelles et du Bosphore. Et, bien sûr, la France aimerait bien reprendre l'Alsace-Lorraine.
C'est bien beau tout ça, mais comment ça a commencé, la Première guerre mondiale? La réponse qu'on nous a forcé a apprendre par coeur est simple: c'est à cause de l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand. Mais c'est qui, lui?
François-Ferdinand d'Autriche est l'héritier à la couronne autrichienne. Mettons tout de suite les choses au clair: ce n'est pas le fils de la princesse Sissi. En fait, c'est le fils du frère cadet de l'empereur François-Joseph Ier, mais après la mort du fils de celui-ci, il devient l'héritier de la couronne, étant le mâle le plus proche de la couronne d'un point de vue héréditaire. Lui et son épouse meurent le 28 juin 1914 à Sarajevo (Bosnie-Herzégovine), victime d'un attentat par le serbe Gavrillo Princip, un étudiant. Mais en quoi c'est important?
La Bosnie-Herzégovine est passée, en 1878, de l'empire ottoman à l'empire autrichien, au mécontentement de la Russie, qui se consìdère comme la protectrice des Slaves. François-Joseph Ier (qui a maintenant 84 ans) voit ainsi le seul héritier possible pour la courrone autrichienne mourir, ce qui concrétise la fin de la maison de Habsbourg-Lorraine. L'affront est assez important pour déclarer la guerre.
L'Autriche déclare donc la guerre à la Serbie, en s'appuyant sur l'Allemagne. La Serbie, elle s'appuie sur la Russie. De manière préventive, l'Allemagne envahie la Belgique et le Luxembourg. La Belgique étant reliée par traités à la France et au Royaume-Uni, ceux-ci entre en guerre également. Et ainsi de suite.
La Première Guerre mondiale n'est pas une guerre mobile, comme la Deuxième. On organise des tranchées en face de celles de l'ennemis, on se tire dessus. On gagne quelques mètres. Le lendemain, on recommence. Cette fois-ci, on perd quelques mètres. Pas étonnant qu'à ce rythme-là, la Bataille de la Somme s'étende du 1er juillet au 18 novembre 1916.
Mais les tranchées présentent certains problèmes: les hommes sont proches les uns des autres. Les conditions sanitaires ne sont pas excellente. On meurt de la tuberculose, du typhus. L'hiver, il fait froid. L'été, il fait chaud. Les femmes sont loins. Les attaques sanglantes.
On se rend compte aussi de nouvelles difficultés, que les guerres en rang du XVIIIe et XIXe siècle ne nous ont pas montrés. Tout d'abord, les tranchés sont creusées à même le sol, et impliquent donc que certaines parties soient souterraines. Hors, après avoir tiré sur les tranchées ennemies, les soldats doivent se rendre dans les tranchées mêmes et achever les soldats à la baïonnettes. Comment savoir si certains ne se sont pas réfugiés dans un des tunnels? Effectivement, c'est le genre de chose qu'il est préférable avant de s'y retrouver, un couteau sur la gorge. On invente donc le lance-flamme. Et puis, ça en fait tout de même beaucoup à achever, des soldats, après les tirs, et la proximité des attaques à la baïonette traumatise. Comment réussir à diminuer au maximum l'ennemi avant d'envoyer les hommes dans les tranchées? Solution: le gaz moutarde (avis aux chimistes: sa formule est le C4H8Cl2S). En gros, lorsque l'on entre en contact avec ce gaz, on souffre de brûlure, mais alors là, extrême: celles-ci causent de la cécité, des brûlures aux poumons, sur la peau.
Lorsque la guerre est déclarée en août 1914, on pense qu'on pourra revenir avec la victoire pour Noël. La réalité est tout autre. L'Armistice est signée le 11 novembre 1918, à 11h00 (le 11/11 à 11: on pense ainsi que ce sera plus facile à retenir pour la population). On la termine par le traité de Versailles, en 1919, dont je ne parlerai pas ici. La France et le Royaume-Uni sont grand vainqueur, au dépend de l'Allemagne et de l'Autriche. La Russie, aux prises avec la guerre civile, a signé une paix séparée en 1917. L'Italie, qui avait hésité entre les Alliés et la Triple Alliance, se trouve insatisfaite. Les bases de la Deuxième guerre mondiale sont jetées.
Mais avec tout ça, pourquoi porte-t-on un coquelicot le 11 novembre?
On veut se souvenir des morts, des blessés, des vétérans. La Grande Guerre aurait fait 9 millions de morts, 8 millions d'invalides (selon le grand dieu Wiki, ça ferait 6 000 morts par jour). C'est un des conflits les plus meurtriers de l'Histoire. En France, par exemple, c'est toute une génération d'homme qui disparait, ce qui cause un vieillissement précoce de la population. Donc, on porte le coquelicot pour dire: plus jamais de conflits, parce qu'on ne veut plus jamais autant de morts.
La Première guerre mondiale n'était pas connu sous ce nom en 1914-1918: c'était la Grande Guerre. Après Versailles, c'est devenu la Der des ders, la guerre qui devait mettre fin à toutes les autres. Si ça continue comme ça, on a pas fini de le porter, notre coquelicot...
Toujours là? Le sujet vous intéresse? Vous voulez poussez plus loin vos connaissances sur le sujet?
Des documentaires. Des playlists sur YouTube et Dailymotion ont été ajoutées sur mon compte par rapport à ce sujet.
- Origins of World War I (en anglais - http://www.youtube.com/watch?v=n7kp3vf1uKA)
- Secret of World War I (en anglais - http://www.youtube.com/watch?v=x_FAOk4uMp8&feature=&p=872F55C7DE75DC7D&index=0&playnext=1)
- World War I - Battle of Verdun (en anglais - http://www.youtube.com/watch?v=yWJB6Y-3N5o&feature=&p=FF9B47C0549CE269&index=0&playnext=1)
- La Première Guerre mondiale (en français - http://www.dailymotion.com/playlist/x1gdyw_ValeriePotvin_la-premiere-guerre-mondiale#videoId=x8is2p)
Des films. Depuis le début du XXIe siècle, les films sur la Première Guerre mondiale ont le vent dans les voiles. À noter les films français Joyeux Noël (basé sur des évènements historiques, représente très bien la difficulté de la vie quotidienne dans les tranchées tout en donnant un regard humain sur la guerre) et Un long dimanche de fiançailles (sur les conséquences suivant la guerre sur les civils et les soldats, avec une vue plutôt réaliste sur la vie dans les tranchées et la justice militaire de l'époque). Et, bien sûr, le traditionnel À l'Ouest, rien de nouveau (All Quiet on the Western Front), pour les fans du cinéma américain du début des années 1930.
Des romans. Parce que, avant d'être un film, l'écrivain allemand Erich Maria Remarque a écrit le roman À l'Ouest, rien de nouveau en 1929.
Des poèmes. Parce que la Grande Guerre a donné naissance aux mouvements surréalistes et dadas, la poésie abonde sur la guerre de 14-18. Guillaume Appolinaire, précurseur du surréalisme, est d'ailleurs mort en 18 à la suite d'une blessure de guerre. Du côté anglais, Wilfred Owen retient l'attention, avec des poèmes comme (Dulce Et Decorum Est, Anthem for Doomed Youth). Owen a écrit ces deux poèmes alors qu'il était lui-même dans les tranchées. Dulce Et Decorum Est contient d'ailleurs une excellente description des effets du gaz moutarde (le poème a été illustré par des dessins animés 3D plutôt réalistes sur YouTube par le vidéo suivant: http://www.youtube.com/watch?v=P4Lzo_EXXOQ)
En parallèle. Deux évènements ont retenu l'attention entre 1914 et 1918 (autre que la guerre, bien sûr). Le premier, aux répercussions immédiates, fut la Révolution russe de 1917, qui eut pour conséquence la chute du tsarisme et l'assassinat de la famille royale. Si vous vous intéressez à la Révolution russe, les deux documentaires suivants peuvent vous intéressé.
The Russian Revolution (en anglais - http://www.youtube.com/watch?v=mMGrIwLj7gU&feature=&p=4F786C4C0DDE5D32&index=0&playnext=1)
World War I - The Russian Revolution (en anglais - http://www.youtube.com/watch?v=GQUAW_CdBds&feature=&p=40E182FE64E8E38A&index=0&playnext=1)
Si vous êtes plus intéressée par le sort de la famille de Nicolai II, vous pouvez aller voir les deux documentaires suivants:
- Les secrets des Romanov (en français - http://www.dailymotion.com/playlist/x1gg1u_ValeriePotvin_les-secrets-des-romanov#videoId=x6nmuo)
- "La mort des Romanov", présenté par Secret d'Histoire le 15 juin 2008, qui présente à la fois le meurtre de la famille impériale et le cas d'Anna Anderson (en français - http://www.dailymotion.com/playlist/x1gg1t_ValeriePotvin_secret-d-histoire-2008-06-15#videoId=x6l2e1)
En ligne. Une étagère sur ma bibliothèque a été créée spécialement pour l'occasion. Vous y trouverez des livres notamment sur le déroulement et les conséquences de la guerre, qui sont des aspects que j'ai négligé dans l'article. Le lien est le suivant: http://books.google.ca/books?uid=5193644990311896005&as_coll=1010&hl=fr&source=gbs_lp_bookshelf_list
Si vous avez des anecdotes, des informations ou des commentaires, n'hésitez pas à nous les envoyer!
**********
(1) McCrae, John. "In Flanders Fields." Wahington State University. http://www.wsu.edu:8080/~wldciv/world_civ_reader/world_civ_reader_2/mccrae.html (accédé le 8 novembre 2010)
(2) Le présent paragraphe est, en gros, un résumé extrême de mon cours d'Histoire de secondaire 5.
(3) Comme on m'a déjà dit que la Lorraine n'avait jamais été échangée, il faut que je mette une source ici: Krebs, Gilbert. "La question d'Alsace-Lorraine." La naissance du Reich. sous la dir. de Gilbert Krebs et Gérard Schneilin. http://books.google.ca/. Désolée à tous les Lorrains et Lorraines! Je ne veux pas froisser quique ce soit!
Libellés :
Un peu d'histoire
Marie-Antoinette
Marie-Antoinette (1755-1793) est née archiduchesse autrichienne. Fille de l'impératrice Marie-Thérèse d'Autriche et de son mari François Ier, sa naissance est cependant de fort mauvais présages : née le 2 novembre 1755, elle suit le terrible tremblement de terre qui a secoué Lisbonne, à la Toussaint. Que cela ne tienne : la jeune fille vit une enfance heureuse et libre dans le palais de Schönbrunn, entourée de sa famille, et dans l'absence relative d'étiquette (tout du moins si l'on compare le palais autrichien à la cour de Versailles, ou à celle d'Espagne à la même époque).
La jeune fille quitte Vienne à quatorze ans pour Paris afin d'épouser le Dauphin Louis-Auguste, futur Louis XVI. Celui-ci a perdu ses parents à un très jeune âge, et est ridiculisé depuis longtemps à cause de ses yeux globuleux (plusieurs pensent aujourd'hui qu'il ne souffrait pas de myopie, comme plusieurs l’ont cru, mais que ses yeux reflétaient seulement la tristesse causée par la douloureuse perte de ses parents, accentuée par la solitude dans laquelle le plongeait l'étiquette de Versailles (1)).
Le mariage du dauphin français et de l'archiduchesse autrichienne est, bien sûr, davantage un évènement politique que romantique. Les deux pays viennent de sortir de la guerre de Sept Ans et l'alliance des deux jeunes enfants est une alliance politique : les Habsbourg d'Autriche et les Bourbon de France font partie des plus grandes puissances de l'époque. L'Autriche, entre autres, espère pouvoir influencer la jeune fille dans les affaires d'État. C'est sans compter sur la personnalité évasive de Marie-Antoinette : lorsque l'on commence à parler de fiançailles avec la France, la jeune fille ne parle pas français, et ses rudiments de lecture et d'écriture en allemand sont plus que précaires. Toutefois, la jeune fille a une personnalité enjouée, qui n'est pas sans déplaire (2).
Le mariage par procuration a lieu le 19 avril 1770. La cérémonie avec le dauphin, elle, n'aura lieu que le 16 mai de la même année, dans la chapelle de Versailles. Le choc n'aurait pas pu être plus grand entre la cour de Vienne et celle de Versailles : l'étiquette y est beaucoup plus rigide. De plus, la pauvre Marie-Antoinette, passée du pieux catholicisme conservateur au catholicisme relâché de la cour de France, est en état de choc. Son « grand-père », le roi Louis XV (3), vivait ouvertement avec sa maîtresse en titre, Madame du Barry, ce qui la choquait profondément. La jeune dauphine n'adressa la parole qu'une seule fois à cette femme en public, après de multiples supplications de l'ambassadeur autrichien à Versailles et de sa propre mère, se contentant d'un simple : « Il y a bien du monde aujourd'hui à Versailles. » (4) Ces simples mots, bien que représentant une immense humiliation pour la jeune fille, évitèrent sans doute un malentendu entre les deux États, et l'empêchèrent probablement de retourner d'où elle venait (un retour qui aurait pu, cependant, lui sauver la vie).
Mais la position de Marie-Antoinette, comme celle de toute épouse de roi à l'époque, n'était pas assurée tant qu'elle ne mettait pas au monde un héritier pour la Couronne. Or, malgré les interventions répétées de l'impératrice Marie-Thérèse et la visite de son frère Joseph, l'héritier tant attendu tarda à venir. La raison était de source médiale : le roi souffrait de phimosis, une condition rendant douloureuse la pénétration (et coupant donc à court la possibilité de la création d'un héritier). (5)
Cette consommation tardive du mariage royal et les difficultés sexuelles de son mari sont probablement les causes de plusieurs problèmes pour Marie-Antoinette. Ainsi, le fait que Louis XVI ne prit jamais de maîtresse connue (du moins officiellement) a causé de grands problèmes à sa femme : la division traditionnelle entre la reine et la maîtresse en titre n'était plus observée. Dans l'ancien régime, la reine se contentait de prier et de faire des enfants, alors que la maîtresse en titre se voyait couverte de cadeaux, divertie à la cour à grands coups de fêtes plus coûteuses les unes que les autres et même, dans certains cas, appelée à gérer les affaires politiques (le souvenir de Madame de Pompadour exerçant toute sa puissance sur Louis XV est encore bien proche à ce moment). Donc, lorsque les finances vont mal, lorsque le pays est en guerre, ou lorsque la cour est en débauche, le peuple sait qui pointer du doigt : c'est la faute de la maîtresse en titre. Mais, durant tout le règne de Louis XVI, aucune femme n'est présentée ainsi. Qui faut-il donc pointer du doigt? Et bien, la reine a une somptueuse garde-robe. De plus, la reine est une adepte des soirées de jeux. Elle s'endette donc chez les modistes et les tables de jeu. Le peuple ne doit donc pas pousser bien loin : si les finances vont mal, c'est sûrement à cause de la reine. Et si jamais une guerre civile se déclare entre les aristocrates (n'oubliez pas que, pour emmerder l'Angleterre, Louis XVI envoie des troupes dans la colonie anglaise, oubliant qu'encourager une colonie à se rebeller contre la métropole légitime autorise son propre peuple à se rebeller contre son souverain), c'est aussi la faute de la reine! (6)
Marie-Antoinette, non contente de s'aliéner du peuple par ses dépenses, s'éloigne également des nobles. Louis XIV, soucieux d'empêcher une autre révolte des nobles comme celles de la Fronde ayant eu lieu durant la régence de sa mère, les avait « emprisonnés » à Versailles : ainsi, la vie d'un noble ne se limitait plus à prendre le pouvoir par des guerres, mais plutôt à le prendre par des flatteries et en ayant un accès privilégié à différentes personnes. Ces nobles logeaient dans le palais ou dans la ville, qui regorgeait alors de logements miteux à la portée de toutes les bourses (7). Louis XIV avait su utiliser la situation à son avantage, en se présentant régulièrement devant ses courtisans pour leur donner des privilèges et en créant la stricte étiquette reconnue à la cour française afin d'éviter que l'on ne se pile davantage sur les pieds. Mais c'est là son erreur : aussi pointilleux, perfectionniste et contrôlant qu'il était, même le Roi Soleil était incapable de rester constamment dans son étiquette. Aussi, sur le terrain de Versailles, créa-t-il le Grand Trianon, où l'étiquette, plus lâche, lui permet de passer du temps avec sa famille (légitime ou non). Son arrière-petit-fils, Louis XV, créera le Petit Trianon, avec l'aide de sa maîtresse en titre, Madame de Pompadour, mais la mort de celle-ci permettra à Madame du Barry d'en prendre possession. À la mort de Louis XV, et avec la disgrâce de la du Barry qui s'en suivit, Louis XVI offrit le Petit Trianon à son épouse.
Marie-Antoinette apprécie tout de suite son nouveau « cadeau ». Elle s'y réfugie de plus en plus, à l'abri de l'étiquette, en compagnie de ses amies : la princesse de Lamballe, la duchesse de Polignac, son beau-frère, le comte d'Artois, et, bien sûr, le bel Axel de Fersen, un comte suédois. Sa relation avec le comte de Fersen est ambigüe (rien pour arranger la réputation de la reine, qu'on accuse tour à tour de promiscuité, d'homosexualité et d'inceste). Alors que Zweig assure qu'ils sont amants du temps de Trianon, plusieurs prétendent qu'ils ne le sont qu'une fois la Révolution passée.
Ce qui est sûr, c'est que Fersen joue un rôle clef dans la fuite à Varennes : il en est à la fois l'instigateur et l'organisateur. Une fois la Révolution commencée, après la marche des femmes sur Versailles pour obtenir du pain, on transporte la famille royale (Louis XVI, Marie-Antoinette, leur fille Marie-Thérèse et le dauphin, ainsi que Madame Élizabeth, sœur de Louis XVI) au palais des Tuileries. Les railleries des gardes révolutionnaires jaillissent de tout côté. Les citoyens entrent dans le palais pour se plaindre directement au roi. En autres mots, leur sécurité est menacée. On organise donc leur fuite et on leur fournit de faux passeports : ils quittent le palais dans la nuit. Madame Élizabeth, déguisée en duchesse russe, est accompagnée de Louis XVI, déguisé en valet, de Marie-Antoinette, déguisée en gouvernante, et des enfants, tous deux vêtus en fille pour l'occasion. Malheureusement, ils se perdent en chemin, et sont forcés de demander la route : pour remercier l'homme, Louis XVI lui donne un louis d'or (un peu comme si on vous donnait un billet de mille dollars). Le tout est suspect : dans le prochain village, le contrôle des passeports est plus serré. Ils sont pris, et envoyés au Temple.
On emmène Louis XVI dans des appartements séparés de ceux de sa famille, et on l'exécute le 21 janvier 1793 sous des chefs de trahison, de conspiration et d'anticonstitutionnalisme (il n'a pas respecté son rôle constitutionnel de roi des Français). Le même jour, on force Marie-Antoinette à se séparer de son fils, le dauphin, qu'on envoie chez le citoyen Simon. Puis, vient le procès de Marie-Antoinette.
Mais sur quoi juger cette reine volage, qui n'a visiblement eu aucune influence sur la politique de son mari? L'achat d'une robe a-t-il entraîné de si grandes pertes pour les finances françaises? Si la mode est un crime, autant exécuté toutes les femmes de Paris. Est-elle une traîtresse? Communique-t-elle avec son frère, l'empereur allemand? Et puis, l'exécution du roi a soulevé les fureurs des monarchistes en Vendée. Les grandes monarchies d'Europe, qui avaient toutes un lien avec la famille royale française (Louis XIV a obtenu l'Espagne à un de ses fils, Marie-Antoinette est la soeur de l'empereur d'Autriche et la filleule du roi du Portugal, entre autres), commencent à menacer de guerres.
Le citoyen Simon permet de résoudre les dilemmes juridiques : il a surpris le dauphin en pleine séance de plaisirs solitaires, péché mortel. Menaçant, le citoyen Simon lui demande qui lui a montré de telles habitudes. Le dauphin répond presque instantanément, avec toute la méchanceté des enfants : sa mère et sa tante, apparemment, l'avaient déjà surpris, et sa mère, restée tout de même pieuse malgré les excès de Trianon, l'avait puni pour secourir son âme, qui risquait la damnation éternelle. Mécontent d'avoir été puni, le jeune dauphin simplifia sa réponse : c'était sa mère qui le lui avait montré. Le citoyen Simon ne chercha pas plus loin : la reine avait déjà une réputation de débauchée, d'infidèle et d'homosexuelle, et, après tout, l'inceste était punissable sous la Révolution.
On porte donc Marie-Antoinette devant le tribunal révolutionnaire le 3 octobre 1793, sous les chefs d'accusation d'inceste. On fait témoigner le dauphin. Dans une tirade restée célèbre, Marie-Antoinette en appel à toutes les mères pour juger de l'ignominie d'une telle accusation. Puis, pour faire un procès politique (car Marie-Antoinette reste un symbole monarchique et il faut s'en débarrasser, mais avant, il faut la diaboliser aux yeux du peuple), on monte rapidement un dossier et on demande au jury de la juger sur des accusations de traîtrise, de conspiration et autre. Le jury la déclare coupable.
Son dernier portrait est attribué à David, le futur peintre de Napoléon Ier, et révolutionnaire farouche. La belle adolescente n'a plus sa place dans les traits de cette femme que la vie n'a pas épargnée : ses cheveux, autrefois coiffés en poufs extravagants, sont coupés court pour que l'on puisse placer la guillotine sur sa nuque. Fini les robes à panier : le vêtement semble rude. Ses traits n'ont plus la finesse d'autrefois.
Marie-Antoinette sera décapitée, place de la Révolution, le 16 octobre 1793.
La jeune fille quitte Vienne à quatorze ans pour Paris afin d'épouser le Dauphin Louis-Auguste, futur Louis XVI. Celui-ci a perdu ses parents à un très jeune âge, et est ridiculisé depuis longtemps à cause de ses yeux globuleux (plusieurs pensent aujourd'hui qu'il ne souffrait pas de myopie, comme plusieurs l’ont cru, mais que ses yeux reflétaient seulement la tristesse causée par la douloureuse perte de ses parents, accentuée par la solitude dans laquelle le plongeait l'étiquette de Versailles (1)).
Le mariage du dauphin français et de l'archiduchesse autrichienne est, bien sûr, davantage un évènement politique que romantique. Les deux pays viennent de sortir de la guerre de Sept Ans et l'alliance des deux jeunes enfants est une alliance politique : les Habsbourg d'Autriche et les Bourbon de France font partie des plus grandes puissances de l'époque. L'Autriche, entre autres, espère pouvoir influencer la jeune fille dans les affaires d'État. C'est sans compter sur la personnalité évasive de Marie-Antoinette : lorsque l'on commence à parler de fiançailles avec la France, la jeune fille ne parle pas français, et ses rudiments de lecture et d'écriture en allemand sont plus que précaires. Toutefois, la jeune fille a une personnalité enjouée, qui n'est pas sans déplaire (2).
Le mariage par procuration a lieu le 19 avril 1770. La cérémonie avec le dauphin, elle, n'aura lieu que le 16 mai de la même année, dans la chapelle de Versailles. Le choc n'aurait pas pu être plus grand entre la cour de Vienne et celle de Versailles : l'étiquette y est beaucoup plus rigide. De plus, la pauvre Marie-Antoinette, passée du pieux catholicisme conservateur au catholicisme relâché de la cour de France, est en état de choc. Son « grand-père », le roi Louis XV (3), vivait ouvertement avec sa maîtresse en titre, Madame du Barry, ce qui la choquait profondément. La jeune dauphine n'adressa la parole qu'une seule fois à cette femme en public, après de multiples supplications de l'ambassadeur autrichien à Versailles et de sa propre mère, se contentant d'un simple : « Il y a bien du monde aujourd'hui à Versailles. » (4) Ces simples mots, bien que représentant une immense humiliation pour la jeune fille, évitèrent sans doute un malentendu entre les deux États, et l'empêchèrent probablement de retourner d'où elle venait (un retour qui aurait pu, cependant, lui sauver la vie).
Mais la position de Marie-Antoinette, comme celle de toute épouse de roi à l'époque, n'était pas assurée tant qu'elle ne mettait pas au monde un héritier pour la Couronne. Or, malgré les interventions répétées de l'impératrice Marie-Thérèse et la visite de son frère Joseph, l'héritier tant attendu tarda à venir. La raison était de source médiale : le roi souffrait de phimosis, une condition rendant douloureuse la pénétration (et coupant donc à court la possibilité de la création d'un héritier). (5)
Cette consommation tardive du mariage royal et les difficultés sexuelles de son mari sont probablement les causes de plusieurs problèmes pour Marie-Antoinette. Ainsi, le fait que Louis XVI ne prit jamais de maîtresse connue (du moins officiellement) a causé de grands problèmes à sa femme : la division traditionnelle entre la reine et la maîtresse en titre n'était plus observée. Dans l'ancien régime, la reine se contentait de prier et de faire des enfants, alors que la maîtresse en titre se voyait couverte de cadeaux, divertie à la cour à grands coups de fêtes plus coûteuses les unes que les autres et même, dans certains cas, appelée à gérer les affaires politiques (le souvenir de Madame de Pompadour exerçant toute sa puissance sur Louis XV est encore bien proche à ce moment). Donc, lorsque les finances vont mal, lorsque le pays est en guerre, ou lorsque la cour est en débauche, le peuple sait qui pointer du doigt : c'est la faute de la maîtresse en titre. Mais, durant tout le règne de Louis XVI, aucune femme n'est présentée ainsi. Qui faut-il donc pointer du doigt? Et bien, la reine a une somptueuse garde-robe. De plus, la reine est une adepte des soirées de jeux. Elle s'endette donc chez les modistes et les tables de jeu. Le peuple ne doit donc pas pousser bien loin : si les finances vont mal, c'est sûrement à cause de la reine. Et si jamais une guerre civile se déclare entre les aristocrates (n'oubliez pas que, pour emmerder l'Angleterre, Louis XVI envoie des troupes dans la colonie anglaise, oubliant qu'encourager une colonie à se rebeller contre la métropole légitime autorise son propre peuple à se rebeller contre son souverain), c'est aussi la faute de la reine! (6)
Marie-Antoinette, non contente de s'aliéner du peuple par ses dépenses, s'éloigne également des nobles. Louis XIV, soucieux d'empêcher une autre révolte des nobles comme celles de la Fronde ayant eu lieu durant la régence de sa mère, les avait « emprisonnés » à Versailles : ainsi, la vie d'un noble ne se limitait plus à prendre le pouvoir par des guerres, mais plutôt à le prendre par des flatteries et en ayant un accès privilégié à différentes personnes. Ces nobles logeaient dans le palais ou dans la ville, qui regorgeait alors de logements miteux à la portée de toutes les bourses (7). Louis XIV avait su utiliser la situation à son avantage, en se présentant régulièrement devant ses courtisans pour leur donner des privilèges et en créant la stricte étiquette reconnue à la cour française afin d'éviter que l'on ne se pile davantage sur les pieds. Mais c'est là son erreur : aussi pointilleux, perfectionniste et contrôlant qu'il était, même le Roi Soleil était incapable de rester constamment dans son étiquette. Aussi, sur le terrain de Versailles, créa-t-il le Grand Trianon, où l'étiquette, plus lâche, lui permet de passer du temps avec sa famille (légitime ou non). Son arrière-petit-fils, Louis XV, créera le Petit Trianon, avec l'aide de sa maîtresse en titre, Madame de Pompadour, mais la mort de celle-ci permettra à Madame du Barry d'en prendre possession. À la mort de Louis XV, et avec la disgrâce de la du Barry qui s'en suivit, Louis XVI offrit le Petit Trianon à son épouse.
Marie-Antoinette apprécie tout de suite son nouveau « cadeau ». Elle s'y réfugie de plus en plus, à l'abri de l'étiquette, en compagnie de ses amies : la princesse de Lamballe, la duchesse de Polignac, son beau-frère, le comte d'Artois, et, bien sûr, le bel Axel de Fersen, un comte suédois. Sa relation avec le comte de Fersen est ambigüe (rien pour arranger la réputation de la reine, qu'on accuse tour à tour de promiscuité, d'homosexualité et d'inceste). Alors que Zweig assure qu'ils sont amants du temps de Trianon, plusieurs prétendent qu'ils ne le sont qu'une fois la Révolution passée.
Ce qui est sûr, c'est que Fersen joue un rôle clef dans la fuite à Varennes : il en est à la fois l'instigateur et l'organisateur. Une fois la Révolution commencée, après la marche des femmes sur Versailles pour obtenir du pain, on transporte la famille royale (Louis XVI, Marie-Antoinette, leur fille Marie-Thérèse et le dauphin, ainsi que Madame Élizabeth, sœur de Louis XVI) au palais des Tuileries. Les railleries des gardes révolutionnaires jaillissent de tout côté. Les citoyens entrent dans le palais pour se plaindre directement au roi. En autres mots, leur sécurité est menacée. On organise donc leur fuite et on leur fournit de faux passeports : ils quittent le palais dans la nuit. Madame Élizabeth, déguisée en duchesse russe, est accompagnée de Louis XVI, déguisé en valet, de Marie-Antoinette, déguisée en gouvernante, et des enfants, tous deux vêtus en fille pour l'occasion. Malheureusement, ils se perdent en chemin, et sont forcés de demander la route : pour remercier l'homme, Louis XVI lui donne un louis d'or (un peu comme si on vous donnait un billet de mille dollars). Le tout est suspect : dans le prochain village, le contrôle des passeports est plus serré. Ils sont pris, et envoyés au Temple.
On emmène Louis XVI dans des appartements séparés de ceux de sa famille, et on l'exécute le 21 janvier 1793 sous des chefs de trahison, de conspiration et d'anticonstitutionnalisme (il n'a pas respecté son rôle constitutionnel de roi des Français). Le même jour, on force Marie-Antoinette à se séparer de son fils, le dauphin, qu'on envoie chez le citoyen Simon. Puis, vient le procès de Marie-Antoinette.
Mais sur quoi juger cette reine volage, qui n'a visiblement eu aucune influence sur la politique de son mari? L'achat d'une robe a-t-il entraîné de si grandes pertes pour les finances françaises? Si la mode est un crime, autant exécuté toutes les femmes de Paris. Est-elle une traîtresse? Communique-t-elle avec son frère, l'empereur allemand? Et puis, l'exécution du roi a soulevé les fureurs des monarchistes en Vendée. Les grandes monarchies d'Europe, qui avaient toutes un lien avec la famille royale française (Louis XIV a obtenu l'Espagne à un de ses fils, Marie-Antoinette est la soeur de l'empereur d'Autriche et la filleule du roi du Portugal, entre autres), commencent à menacer de guerres.
Le citoyen Simon permet de résoudre les dilemmes juridiques : il a surpris le dauphin en pleine séance de plaisirs solitaires, péché mortel. Menaçant, le citoyen Simon lui demande qui lui a montré de telles habitudes. Le dauphin répond presque instantanément, avec toute la méchanceté des enfants : sa mère et sa tante, apparemment, l'avaient déjà surpris, et sa mère, restée tout de même pieuse malgré les excès de Trianon, l'avait puni pour secourir son âme, qui risquait la damnation éternelle. Mécontent d'avoir été puni, le jeune dauphin simplifia sa réponse : c'était sa mère qui le lui avait montré. Le citoyen Simon ne chercha pas plus loin : la reine avait déjà une réputation de débauchée, d'infidèle et d'homosexuelle, et, après tout, l'inceste était punissable sous la Révolution.
On porte donc Marie-Antoinette devant le tribunal révolutionnaire le 3 octobre 1793, sous les chefs d'accusation d'inceste. On fait témoigner le dauphin. Dans une tirade restée célèbre, Marie-Antoinette en appel à toutes les mères pour juger de l'ignominie d'une telle accusation. Puis, pour faire un procès politique (car Marie-Antoinette reste un symbole monarchique et il faut s'en débarrasser, mais avant, il faut la diaboliser aux yeux du peuple), on monte rapidement un dossier et on demande au jury de la juger sur des accusations de traîtrise, de conspiration et autre. Le jury la déclare coupable.
Son dernier portrait est attribué à David, le futur peintre de Napoléon Ier, et révolutionnaire farouche. La belle adolescente n'a plus sa place dans les traits de cette femme que la vie n'a pas épargnée : ses cheveux, autrefois coiffés en poufs extravagants, sont coupés court pour que l'on puisse placer la guillotine sur sa nuque. Fini les robes à panier : le vêtement semble rude. Ses traits n'ont plus la finesse d'autrefois.
Marie-Antoinette sera décapitée, place de la Révolution, le 16 octobre 1793.
Si cet article ne vous a pas déprimé, et qu'il vous a même plutôt plu, voici quelques suggestions pour continuer à en apprendre davantage sur cette reine de France :
Sa vraie vie. La bibliographie de Stefan Zweig (vous trouverez la notice bibliographique plus loin) fait consensus dans la matière depuis les années 30. Auteur de nouvelles littéraires, sa plume est agréable.
Des films. Il y a, bien sûr, le film de Sofia Coppola, fait en 2006 (Marie-Antoinette). Les costumes et les décors sont magnifiques, mais, si vous vous intéressez à l'Histoire, privilégiez le film de Van Dycke, réalisé en 1938, avec Norma Shearer et Tyronne Power. Toutefois, pour un télé-film québécois de 2006, vous aurez une des meilleures qualités possible : la lecture de la dernière lettre de Marie-Antoinette que fait Karine Vanasse est absolument émouvante. Voici un lien vers la playlist créée spécialement pour l'occasion : http://www.dailymotion.com/playlist/x1gd4w_ValeriePotvin_marie-antoinette#videoId=z7mqd
Sa vraie vie. La bibliographie de Stefan Zweig (vous trouverez la notice bibliographique plus loin) fait consensus dans la matière depuis les années 30. Auteur de nouvelles littéraires, sa plume est agréable.
Des films. Il y a, bien sûr, le film de Sofia Coppola, fait en 2006 (Marie-Antoinette). Les costumes et les décors sont magnifiques, mais, si vous vous intéressez à l'Histoire, privilégiez le film de Van Dycke, réalisé en 1938, avec Norma Shearer et Tyronne Power. Toutefois, pour un télé-film québécois de 2006, vous aurez une des meilleures qualités possible : la lecture de la dernière lettre de Marie-Antoinette que fait Karine Vanasse est absolument émouvante. Voici un lien vers la playlist créée spécialement pour l'occasion : http://www.dailymotion.com/playlist/x1gd4w_ValeriePotvin_marie-antoinette#videoId=z7mqd
En parallèle. Peu importe ce que l'on vous dira, Louis XVII n'a pas survécu au Temple. Il N'Y A PAS de conspiration d'État, sauf dans les excellents romans que vous trouverez sur le sujet. Et je peux vous assurer que Marie-Antoinette et Louis XVI n'ont pas survécu à leur décapitation. Le seul membre de la famille royale à y avoir survécu est leur fille, Marie-Thérèse. D'ailleurs, une excellente biographie de la jeune fille a été écrite récemment (Nagel, Susan. Marie-Thérèse : The Fate of Marie Antoinette's Daughter. Londres : Bloomsburry, 2008). Avis aux intéressés qui parlent anglais.
En ligne. Une étagère a été créée sur ma bibliothèque Google. Libre à vous d'y naviguer. Voici le lien : http://www.google.com/books?uid=5193644990311896005&as_coll=1002&hl=fr&source=gbs_lp_bookshelf_list
Si vous avez des histoires intéressantes concernant Marie-Antoinette, des suggestions littéraires ou cinématographiques, ou tout simplement des commentaires, ne vous gênez pas. Nous ne recevons pas de salaire pour ce blogue, et vos commentaires sont notre seule rémunération.
Cet article a été créé par : Valérie-Claude.
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(1) Bordonove, Georges. « Louis XVI : Le roi martyr. » Les Rois qui ont fait la France. Paris : Pygmalion, 1983.
(2) Zweig, Stefan. Marie-Antoinette. Trad. de l'allemand par Alzir Hella. Paris : Grasset, 1933.
(3) Le concept de la « belle-famille » (family-in-law) n'existait pas à l'époque. Aussi, Marie-Antoinette ne considérait-elle probablement pas Louis XV comme le grand-père de son époux, mais comme son propre grand-père. Pour cette raison, plusieurs historiens considèrent que l'idée d'une relation illicite entre Louis XIV et Henriette-Anne d'Angleterre, l'épouse de son frère, comme illogique, car le Roi-Soleil était « entraîné » à considérer la femme qui porterait ce titre comme sa propre soeur, et qu'une relation entre eux serait revenue à un inceste de premier degré, condamnant son âme à la damnation éternelle. Toutefois, le fait que cette même Henriette-Anne soit sa cousine (Louis XIII et Henriette-Marie de France, la mère de Henriette-Anne étant frères et soeurs) n'aurait pas été gênant, puisque Louis XIV a épousé Marie-Thérèse d'Autriche, qui était doublement sa cousine (par Anne d'Autriche et Philippe IV d'Espagne, frères et soeurs, et par Louis XIII et Élizabeth de France, frères et soeurs également). Source : Fraser, Antonia. Love and Louis XIV : The Women in the Life of the Sun King. London : Phoenix, 2006.
(4) Zweig, p. 67.
(5) Androutsos, George. « Le phimosis de Louis XVI (1754-1793) aurait-il été à l'origine de ses difficultés sexuelles et de sa fécondité retardée? » Histoire de l'urologie. 2002. Vol. 12. p. 132-137. http://www.urofrance.org/fileadmin/documents/data/PU/2002/PU-2002-00120132/TEXF-PU-2002-00120132.PDF (accédé le 7 novembre 2010)
(6) Voir l'épisode de Secret d'Histoire consacré à Madame de Pompadour, le 25 avril 2007.
(7) Pour avoir un bel exemple de ce qu'un courtisan ne devait PAS faire, le roman Le Montespan (Jean Teulé, Paris : Julliard, 2008) présente le portrait du mari d'une des plus célèbres maîtresses en titre de Louis XIV. Pour en savoir plus sur le sort des courtisans à Versailles, ce site très complet est un bon début : http://versailles.blogspot.com/2008/10/les-courtisans-et-leurs-logements-au.html
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