mercredi 17 novembre 2010

Édith Piaf

Il y a quelques mois déjà, j'ai assisté à un spectacle de chant dans lequel on jouait la chanson de Marie Carmen Piaf chanterait du rock (texte de Luc Plamondon et musique de Germain Gauthier). Mon oreille a failli tomber en hystérie quand j'ai entendu les paroles suivantes:

Piaf chanterait du rock
Elle serait elle aussi
Sous le choc de la musique rock

Ces paroles m'ont choqué. Peut-être me direz-vous qu'il n'y a rien de choquant là-dedans, mais voilà, Plamondon a fait une erreur: ce n'est pas Piaf qui serait sous le choc de la musique rock, mais bien au contraire le rock qui serait sous le choc de la grande Édith Piaf.

Édith Giovanna Gassion est née à Paris en 1915 et est morte à Grasse en 1963. Sa mère, une française d'origine italienne, est chanteuse, et son père, qui est né dans le Calvados, est un contortionniste.

Son prénom fait référence à celui d'Édith Cavell. Cavell était une infirmière anglaise vivant à Bruxelles (Belgique), qui s'était faite fusiller par l'armée allemande quelques mois avant la naissance de Piaf car elle faisait passé des militaires belges blessés aux Pays-Bas neutres.

Bref, lorsque Piaf nait, ses parents ne peuvent pas s'occuper d'elle (son père est dans l'armée, et sa mère est trop pauvre). On l'envoie donc chez sa grand-mère maternelle. Celle-ci, selon la légende, lui fait des biberons de vin rouge pour la calmer, et la laisse dans une saleté sans nom. Lorsque la petite Édith est âgée de 18 mois, son père (ou sa tante Zéphora selon les versions) vient la chercher et va la porter chez sa grand-mère paternelle, qui vit en Normandie et qui tient... une maison close.

Qu'à cela ne tienne! Piaf semble plutôt bien s'accomoder de son nouveau milieu de vie: les prostituées la choie, elle mange à sa faim et est bien habillée. Seul ennui: à l'âge de sept ou huit ans, elle perd la vue. Sa grand-mère entend parler de miracle arrivant sur la tombe de Thérèse Martin, et hop! elle embarque ses "filles" et sa petite-fille dans un train et se rend sur la tombe.

Thérèse Martin est la seconde sainte protectrice de la France (après Jeanne d'Arc). Après sa mort de la tuberculose en 1897 (elle était âgée de 24 ans), on commence à publier des écrits de cette jeune carmélite, qui sont à l'origine de tout un mouvement religieux appelé "la petite voix", qui prèche la recherche de la sainteté par les petits gestes du quotidien accomplis avec la foi en Dieu plutôt que dans les grandes actions.

Bref, Édith et ses "tantes" vont sur la tombe de Sainte Thérèse, prient, prennent un peu de terre et reviennent à la maison. Puis, on applique la terre sur les yeux de la fillette, et huit jours plus tard, la petite Édith retrouve la vue. De cette aventure, Piaf gardera une dévotion à Sainte Thérèse toute sa vie durant.

Mais les jours heureux de la maison close sont bientôt derrière elle. En 1922, son père revient la prendre, et elle mène avec lui une vie d'artiste dans les cirques ambulants, puis d'artistes de rue.

En 1930, elle cesse de chanter avec son père et commence à chanter avec Simone Berteaut, qui deviendra son amie. Elle est alors âgée de 14 ans. Trois ans plus tard, elle aura une fille avec Louis Dupont. L'enfant, prénommée Marcelle, mourra deux ans plus tard, probablement d'une méningite.

C'est en 1935 que Louis Leplée la découvrira et la surnommera "La Môme Piaf". Piaf est le mot populaire pour désigner un moineau, mais "La môme Moineau" était déjà pris. Leplée la présentera au compositeur Raymond Asso et à Marguerite Monnot, compositrice et pianiste qui deviendra son amie jusqu'à la toute fin.

C'est en 1936 qu'elle nous livre son premier album, "Les Mômes de la cloche". En avril de la même année, Leplé est assassiné chez lui. On découvre qu'il faisait parti de réseaux de banditisme de Pigalle, et on soupçonne Piaf (ou du moins, les médias laissent-ils entendre qu'il la soupçonne). Toutefois, forte du succès critique et populaire de son premier album, elle continue dans les cabarets.

En 1937, elle chante l'actualité coloniale en reprenant "Mon Légionnaire" et "Le fanion de la légion" (vous pouvez les entendre en cliquant sur les deux liens suivants: pour mon légionnaire (http://www.youtube.com/watch?v=Oueuo6tn3jI) et pour "Le fanion de la légion" (http://www.youtube.com/watch?v=IWvJwYWxJEs)). La même année, elle commence sa carrière de music-hall. En 1940, elle joue dans la pièce "Le Bel Indifférent" de Jean Cocteau, qu'il a écrit pour elle. Elle partage la vedette avec son amant du moment, Paul Meurisse. Toujours accompagné de celui-ci, elle jouera dans "Montmartre-sur-Seine" de Georges Lacombe l'année suivante.

Ce qui est méconnu, toutefois, c'est la place de Piaf durant l'Occupation allemande. Car comment une chanteuse (qui, avouons-le, n'a rien des pin-up américaines) pourrait-elle faire partie de la Résistance en chantant ses chansons d'amour? Et bien, en posant la question, on répond: Édith Piaf, en chantant, encourageait les résistants en chantant, présentant la Résistance sous les traits d'un amant (par exemple, la chanson "Tu es partout" (http://www.youtube.com/watch?v=RcXn9gHIkqM -- et que l'on entend notamment dans le film "Il faut sauver le soldat Ryan").

C'est également durant la guerre, en 1944, qu'elle perdra son père (puis sa mère en 1945). La même année, elle se produira au Moulin Rouge et rencontrera Yves Montand, qui assure la première partie de son spectacle. Ils deviendront amants (ils se quittent en 1946), et Piaf lancera sa carìère. L'année suivante, elle enregistre La vie en rose (http://www.youtube.com/watch?v=rKgcKYTStMc). Puis, en 1946, elle découvre Les Compagnons de la Chanson (Les trois cloches -- http://www.dailymotion.com/video/x1q33m_edith-piaf-les-trois-cloches_music) et part en 1947 faire une tournée aux États-Unis.

C'est là, en 1948, qu'elle rencontre Marcel Cerdan, champion du monde de boxe. Celui-ci meurt tragiquement dans un accident d'avion aux Açores, dans un vol Paris-New York, alors qu'il venait la rejoindre. C'est à cette époque que Piaf commence à prendre de fortes doses de morphines pour calmer sa polyarthrite aiguë. En sa mémoire, elle chantera L'Hymne à l'amour (http://www.youtube.com/watch?v=1gTGmbA40ZQ) et Mon Dieu (http://www.youtube.com/watch?v=X5GclOYR07s).

En 1951, Charles Aznavour devient son homme à tout faire. Il lui écrira notamment Jezebel (http://www.youtube.com/watch?v=gxjzc5wn9IE) et Plus bleu que tes yeux (http://www.youtube.com/watch?v=yrVZvyXLQKI). Puis, après son mariage avec Jacques Pills (entre 1952 et 1956), elle fréquente Georges Moustaki, qui lui écrit Milord (http://www.dailymotion.com/video/xjsc4_edith-piaf-milord_news). C'est avec lui qu'elle aura un grave accident de voiture en 1958, augmentant sa dépendance à la morphine.

En 1959, elle fait une chute sur scène à New York et subit plusieurs opérations. Elle revient à Paris. Là, Claude Léveillée lui composera deux chansons, Les vieux pianos (http://www.youtube.com/watch?v=_Fdr0s_Fp4k) et Boulevard du Crime (http://www.youtube.com/watch?v=R8Jn-9y4_cM&playnext=1&list=PL9CCE60CA158E9C3A&index=8). En 1961, elle sauve l'Olympia de la faillite (même si sa performance ce soir-là n'a pu se faire qu'après l'injection de fortes doses de morphine). Elle y interprète Non, je ne regrette rien (http://www.dailymotion.com/video/xcxc8x_edith-piaf-y-non-je-ne-regrette-rie_music). En 1963, elle épouse Théo Sarapo, avec qui elle interprète À quoi ça sert l'amour? (http://www.dailymotion.com/video/x4j49j_edith-piaf-theo-sarapo-ca-sert-a-qu_music).

Sa dernière chanson, L'Homme de Berlin (http://www.youtube.com/watch?v=460wnNCb9qc), est enregistrée en 1963. Elle meurt d'un anévrisme le 10 octobre de la même année, à Plascassier, et est enterrée au cimetière du Père-Lachaise.

Malgré sa dévotion à Sainte Thérèse et sa foi, elle ne peut avoir des obsèques religieuse puisqu'elle est divorcée et qu'elle a vécue sa vie "en état de péché public" selon L'Osservatore Romano.


Piaf vous passionne autant que moi? Vous aimeriez en savoir plus sur elle, question de me coincer sur une question piège pour que j'arrête d'en parler?

Sa vraie vie. La vie de Piaf est encore cent fois plus fascinante quand on la lit dans une biographie plutôt que sur mon blog! Si si, je vous le dit! Les biographies sur Piaf abondent, votre bibliothèque locale en a probablement quelques unes à vous proposer. Vous en connaissez? N'hésitez pas à nous les suggérer!

Des films. Piaf a fait des dizaines de films, notamment une apparition dans Si Versailles m'était conté... de Sacha Guitry, pratiquement introuvable au Québec! Le film sur sa vie intitulé La Môme (renommé La vie en rose hors de la France) est géniallissime.

Des documentaires. Historia lui a consacré un épisode de sa série Biography. À voir si vous vous débrouiller en anglais (ou que vous êtes capable de lire les sous-titres en russe). Voici le lien: http://www.youtube.com/watch?v=ue1pRDnVRqg&feature=&p=85CD8B586219F1B7&index=0&playnext=1

En parallèle. Vous voulez en apprendre plus sur l'histoire d'amour entre Édith Piaf et Marcel Cerdan? Je vous conseille Piaf-Cerdan, un hymne à l'amour, de Patrick Mahé et Dominique Grimault.

En ligne. Vous trouverez, comme d'habitude, une étagère de ma bibliothèque Google Books sur Piaf et la chanson française en général à l'adresse suivante: http://www.google.com/books?uid=5193644990311896005&as_coll=1011&hl=fr&source=gbs_lp_bookshelf_list Des playlists Dailymotion et YouTube ont également été créée pour que vous puissiez entendre la puissance des chansons de Piaf: http://www.youtube.com/watch?v=n2s2tPORlW4&feature=&p=09EA3BA8D4C66183&index=0&playnext=1 et http://www.dailymotion.com/playlist/x1ggcd_ValeriePotvin_chansons-d-edith-piaf#videoId=x25ige

J'ai omis un évènement important de la vie de Piaf? Vous voulez me partager vos souvenirs qui lui sont rattachés? Me donner encore plus de lecture sur sa vie? N'hésitez pas à laisser un commentaire!

2 commentaires:

  1. Que dire de Piaf... Sa popularité est telle que sa musique est utilisée pour des usages les plus divers. Ainsi sur nos antennes il y a quelques années...
    http://www.dailymotion.com/video/x57w1z_pub-fiat-bravo-edith-piaf_auto

    Une parisienne anonyme

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  2. Quel démarrage en lion! Bien que tes sujets soient complètement différents, ils sont tous aussi intéressants. Encore une fois, on sent ton talent d'écrivain à l'oeuvre. Tu sais captiver le lecteur et on sent ta passion pour ton sujet. Bravo! Continue sur cette belle lancée! Ta maman qui t'aime et qui est fière de toi! xxxx

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